Les maisons abordables, c’est par ici !

Guy Verstraeten
Guy Verstraeten Journaliste télé

A Mons, mais surtout dans le Borinage voisin, le prix des maisons jointives défie encore toute concurrence. La poussée haussière a, en outre, laissé place à une placide ligne de stagnation des prix.

Si on vous dit  » stabilisation « , irez-vous plus loin dans la lecture de ces lignes ? Parce que  » stabilisation « , c’est moins sexy que  » chute libre  » ou que  » sensationnelle explosion « . Pourtant, quand on interroge les professionnels de l’immobilier dans l’arrondissement de Mons, ils évoquent volontiers ce retour au calme du marché. Avec de légers remous. Le rapport annuel du notariat local, publié voici quelques mois, formalisait d’ailleurs la chose : la phase de stabilisation entamée en 2009 s’est poursuivie. Au cours du second semestre de l’année (2010), elle a ensuite pris une tournure haussière voyant tant le volume des transactions que les prix à nouveau augmenter. Une hausse qui, selon Me Blavier, l’auteur de ce rapport, tournerait autour des 2 à 3 %… Pour 2011, par contre, le notaire remarque une petite accalmie depuis les vacances d’été.  » Depuis septembre, on note en effet une stabilisation du marché avec une légère baisse au niveau des offres. Mais cela n’a rien de catastrophique « , confie Sylvain Blavier, actif à La Louvière.

Un peu plus loin, du côté de Dour, la notaire Anne Wuilquot poursuit l’analyse, en évoquant également le cas de la  » star  » absolue du marché hennuyer : la petite maison jointive. Star parce que, nulle part ailleurs en Belgique, on ne peut devenir propriétaire d’une vraie maison pour des prix aussi abordables. Rappelons, à cet égard, que c’est le Hainaut qui, en Belgique francophone, draine le plus de transactions immobilières.  » On n’est plus du tout dans les moments où l’immobilier explosait, effectivement. Les petites maisons, par exemple, n’arrêtaient pas de prendre de la valeur avec les années. Mais le budget moyen n’évolue plus « , explique la notaire. Ces petites maisons restent, par leur côté bon marché, des exceptions dans le marché belge : il n’est pas rare, en cherchant bien, de trouver des maisons dont l’évaluation ne dépasse pas les 80 000-90 000 euros. Même s’il faut, pour ce faire, aller chiner dans le Borinage. A ces prix-là, une bonne couche de peinture, et quelques rénovations de châssis devraient néanmoins se présenter sur votre route…  » Dans le Borinage, on est en dessous des 100 000 euros pour les petites maisons à restaurer. Et il faut compter 115 000 euros quand elles sont dans un état impeccable. On dépasse ces valeurs dans le centre-ville de Mons, où les maisons sont évidemment plus chères. « 

Des villas plus chères

De fait, si l’on en croit Laurent Bierlaire, de l’immobilière Century 21 du même nom, les maisons jointives en parfait état se négocieraient entre 135 000 et 150 000 euros, au c£ur de la cité du Doudou. C’est là que l’agent opère essentiellement.  » Avec un budget de 100 000 euros, vous devez aller vers la périphérie, dans des communes comme Jemappes ou Cuesmes. Moins à Ghlin, où les axes autoroutiers réaménagés donnent de la valeur aux biens. Le Borinage est toujours moins bien coté, mais il y a de très chouettes coins à Cuesmes ou à Ghlin « , affirme le courtier.

Quand on lui demande si, dans le centre de Mons où il officie, les prix sont également à la stagnation, Laurent Bierlaire se veut plutôt serein :  » Mon sentiment est que les prix continuent effectivement à stagner, mais que cette situation est positive. La bulle spéculative s’est dégonflée, le marché s’est assaini. Quant à savoir s’il y a des soubresauts de temps à autre, je dirais, d’après mon expérience récente, que certains biens rares ont la cote : une villa de plain-pied, 130 mètres carrés habitables, avec trois chambres et 4 ares de terrain, peut se vendre sans problème aux alentours de 240 000-250 000 euros. Ce qui, intrinsèquement, peut paraître cher. Mais là, on parle de valeurs de convenance. Des personnes plus âgées, désireuses d’éviter à la fois les désagréments de la copropriété et d’une villa à trop grande surface, se rabattent volontiers sur ce genre de biens. « 

De 1 600 à 1 900 euros le mètre carré

Parler des villas et des ares qui les supportent nous emmène, forcément, vers un coup de sonde relatif au marché foncier. S’il devait établir une moyenne pour l’arrondissement, le notaire Blavier parlerait d’une fourchette de 90 à 100 euros du mètre carré. Avec d’évidentes disparités.  » Si vous allez dans les Hauts Pays, là où les grands axes routiers sont très éloignés, les prix seront moins élevés. A contrario, des coins comme Casteau ou Jurbise peuvent facilement offrir des prix qui dépassent les 100 euros le mètre carré.  » Dans le Borinage, si l’on se fie à l’analyse de Me Wuilquot,  » les prix ne dépassent plus les 75-80 euros du mètre carré. Et là, on parle des plus beaux terrains, les autres étant côtés à 65 euros le mètre carré.  » On se doute bien que, dans le centre-ville de Mons, les tarifs pratiqués crèvent allègrement ces plafonds. Il faudra, de fait, débourser jusque 135 euros dans certains cas, pour acquérir un mètre carré de terrain dans la ville chère au bourgmestre Di Rupo.  » Les portefeuilles ne sont pas extensibles à ce niveau-là, même si les terrains sont de plus en plus rares. Pendant dix ans, le marché du foncier a flambé : depuis deux ans, il se stabilise « , rapporte encore Laurent Bierlaire. Lequel remarque un autre phénomène, souvent commun à l’ensemble du marché belge : depuis la crise financière, on note un retour des investisseurs immobiliers. Mais là où ils privilégiaient davantage les studios et les appartements une chambre par le passé, les voici, manifestement, qui choisissent des biens légèrement plus grands. Parce qu’un appartement deux chambres présenterait plus de stabilité au niveau du rendement locatif.  » Pour le marché de Mons, on se situe dans la fourchette de prix 1 600-1 900 euros le mètre carré pour les constructions neuves, avec de rares pics vers les 2 000 euros. Ce sont des exceptions « , lance le courtier. Dans les communes du Borinage, les petits buildings en construction présentent des prix situés autour des 100 000-110 000 euros.  » Si les nouvelles constructions, souvent de petits formats, sont situées dans des rues peuplées de maisons jointives, on sera effectivement dans ces prix-là. Par contre, si ces bâtiments sont construits dans des coins plus aérés, le prix pourra être bien plus élevé « , note la notaire Anne Wuilquot. On peut donc, pour le prix d’un appartement neuf, s’offrir une maison jointive en excellent état.

GUY VERSTRAETEN

La bulle spéculative s’est dégonflée, le marché s’est assaini

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