Les livres vont changer d’identité

Trop d’ouvrages paraissent, de nos jours, en format électronique : le système de référencement universel (le fameux ISBN, qui identifie les livres de manière univoque) sature. Remue-ménage en vue, chez les libraires et les bibliothécaires !

Ouvrez un livre, dans le monde entier. N’importe lequel – roman, BD, dictionnaire, £uvre pédagogique, thèse universitaire… -, pourvu qu’il ait été publié après 1970 : immanquablement, l’un de ses premiers feuillets contient, en bas de page, une mystérieuse série de 10 chiffres, répartis en quatre segments. Vous avez mis le doigt sur son code ISBN, L’International Standard Book Number. Cette référence unique paraissant sur tous les exemplaires d’une même £uvre dans une même édition a été conçue pour faciliter le traitement des ouvrages par ordinateur : en permettant d’identifier la zone linguistique, l’éditeur et l’un de ses produits précis, cette immatriculation simplifie la vie des libraires lorsqu’ils passent commande, mais aussi des distributeurs qui les honorent et des bibliothécaires qui classent les ouvrages.

Voilà pourtant que ce système de référencement universel s’apprête à subir une révolution. La numérotation mondiale, qui s’applique aussi aux publications électroniques (en forte augmentation), risque en effet d’arriver bientôt au bout de ses capacités. Pour éviter cette menace, les gestionnaires de ce système complexe ont décidé de basculer, dès le 1er janvier 2007, vers un ISBN à 13 chiffres. Ce bouleversement nécessitera l’adaptation de nombreuses bases de données et de systèmes informatiques. Sans trop de mal, semble-t-il. Tous ceux qui font commerce des livres, dans les pays industrialisés, ont en effet pris l’habitude, depuis plusieurs années, d’utiliser déjà, à côté de l’ISBN à 10 chiffres, le numéro (dit EAN) à 13 chiffres : il figure au dos des livres et correspond, lui, au code-barres lu par les caisses enregistreuses. Cette suite-là, qui correspondra à l’ISBN nouvelle génération, commence toujours par le préfixe 978, suivi d’un nombre désignant l’aire linguistique (0 ou 1 pour la zone anglophone, 2 pour la francophonie, 9979 pour l’Islande, etc.)

Problème : de nombreuses bibliothèques du tiers-monde n’utilisent pas le code-barres. Si leurs manques de moyens les empêchent de s’adapter, elles risquent, début 2007, de ne plus avoir accès à toutes les nouveautés qui paraîtront dans le monde. En outre, il se pourrait que leurs propres fonds documentaires ne soient plus, alors, accessibles depuis l’étranger…

Valérie Colin

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