Les jeux  » psy-spi « 

Aider les gens à se parler, à trouver un sens à la vie… Une nouvelle vague de jeux flirtent avec l’intime et l’air du temps

Il y a des jeux qui se veulent plus que des jeux. Ainsi sont apparus les premiers jeux de coopération et de solidarité, voici vingt ans : pas de compétition, les enfants doivent unir leurs efforts pour remporter ensemble la partie. L’objectif est de permettre aux joueurs de  » faire l’expérience concrète de se sentir respectés, écoutés, reconnus, aimés « , rappelle le psy à succès Thomas d’Ansembourg, en préface de la toute récente réédition Jeux coopératifs pour bâtir la paix (Université de Paix/Chronique sociale), un must dans le genre.

Mais, désormais, la vague des jeux basés sur le principe du  » win-win « , où tout le monde gagne, voire du  » psy-spi « , abréviation de psychologie et de spiritualité, se développe aussi pour les adolescents et les adultes. Exemple ? Le jeu d’ambiance Brin de jasette a été conçu par une Québécoise, psychothérapeute de formation, pour animer une fête avec ses amis. Une centaine de cartes, une trentaine de pierres et un dé suffisent à élire la  » personnalité du jour « , soit le joueur qui aura le plus dévoilé son intimité, avec fous rires garantis, en répondant à des questions pêchées, du style :  » Quel surnom aviez-vous quand vous étiez jeune ? »  » Quel personnage historique auriez-vous aimé être ? »  » Quelle place accordez-vous à la sexualité dans votre vie ? »  » A quel endroit inusité ou spécial avez-vous fait l’amour ? »

Lancé sur le marché canadien l’an passé, Brin de jasette y est un véritable phénomène de société.  » La plupart des questions ont été piquées dans les magazines people : celles que l’on pose le plus souvent aux stars, explique Edouard Biot, son éditeur, à Montréal. On pensait que le jeu plairait particulièrement aux femmes de 25 à 45 ans. Puis on a eu un flot de demandes, aussi bien de la part des adolescents que des maisons de retraite. Brin de jasette a même fait la couverture d’un magazine !  »

S’il vient de débarquer sur les marchés français, suisse et belge, il est déjà connu des spécialistes.  » Cela correspond à l’air du temps, explique Michel Van Langendonckt, président de l’ASBL Ludo, qui fédère les ludothèques. Les gens ont besoin de parler d’eux ; les parents d’entrer en contact avec leurs enfants.  » Brin de jasette n’est évidemment pas un outil thérapeutique.  » Mais il peut aider un enfant introverti « , pense Sophie Mendlewicz, chez Hodin, son distributeur belge.

Soif spirituelle

Le Jeu du Tao va plus loin. Il se présente d’ailleurs, excusez du peu, comme  » le jeu des jeux « . Un plateau, un dé, un sablier, plusieurs séries de cartes au graphisme léché, un brin d’ésotérisme pour permettre à chacun de réaliser sa quête profonde ! On progresse au hasard des cases et des cartes, des rituels imposés, des questions et des conseils délivrés par les  » Tao-Oracle  » ou  » Tao-Obstacle « , toujours avec les encouragements et l’empathie des autres joueurs. Exemple :  » Quels rituels quotidiens peux-tu adopter pour réussir ta quête ? » Ou encore :  » Réponds aux questions des autres joueurs sur ton premier amour.  » Enfin :  » Une difficulté, c’est une lumière. Une difficulté insurmontable, un soleil. A quel autre joueur veux-tu donner ce conseil ? Explique pourquoi.  »

Déroutant ?  » Le joueur peut formuler une quête d’initiative, du genre :  » J’aimerais avoir plus de temps pour moi « , explique Dominique Tommen, de l’ASBL Tetra, à Louvranges (Wavre), qui est maître de jeu Tao. Mais s’il manque d’inspiration, il existe une liste de suggestions : réussir sa vie professionnelle, être amoureux, apprendre à me concentrer, etc. C’est un jeu de développement personnel. Il a été conçu par une joyeuse bande de soixante-huitards qui rêvent toujours de changer le monde. Pendant des années, ils l’ont affiné en s’inspirant des traditions anciennes.  » Ils ont largement puisé dans le socle commun des enseignements et des questions posées par Bouddha, Socrate, Lao-Tseu…

Le Tao a d’abord été pratiqué uniquement dans des cercles, des cafés ou en entreprises avec un maître de jeu. L’an dernier est paru un livre, Le Jeu du Tao, (Albin Michel/Taovillage) expliquant une philosophie et des règles parfois un peu compliquées. Les mêmes éditeurs distribuent aujourd’hui un véritable coffret, qui devrait relancer le jeu. Un succès assuré auprès de ceux qui sont toujours à la recherche du Graal ?

Dorothée Klein

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