L'exposition reconstitue les destins individuels des membres de la famille Gorgan, dont Ana, l'une des huit enfants de la famille. Ana, Paris, 2012. © Mathieu Pernot

Les Gorgan 1995-2005

 » J’ai rencontré la famille Gorgan en 1995, lorsque je faisais mes études. Je ne savais rien de cette communauté et j’ignorais alors que cette famille rom était installée en France depuis plus d’un siècle. J’ai réalisé mes premières images en noir et blanc, m’inscrivant dans une tradition documentaire face à ceux qui m’étaient encore étrangers. La découverte des quelques archives qu’ils possédaient m’a rapidement fait comprendre que la diversité des formes et des points de vue était nécessaire pour rendre compte de la densité de la vie qui s’offrait à mon regard », explique le photographe Mathieu Pernot à qui le Musée juif de Belgique consacre une exposition, déjà évoquée en ces colonnes (Le Vif du 27 mai dernier), jusqu’au 19 septembre prochain.

Autre lieu, même sensibilité, même éthique du voir. A Namur, au Delta, l’artiste déploie cette similaire approche d’images ne cherchant pas à faire prendre des vessies pour des lanternes. Des vessies pour des lanternes? Comme le souligne le commissaire Jean-Marc Bodson, avec Les Gorgan 1995-2015, Pernot n’entend pas « nous dire ce que sont les roms ». Au contraire, et le choix du titre souligne ce parti pris, c’est bien d’une famille particulière, retrouvée huit ans après les premières images, dont il est question. Ne cherchant pas à étouffer le singulier sous le général, le Français donne à appréhender des yeux bien plus que des images à la faveur d’un travail qui déborde la photographie. Le visiteur découvre une rencontre, instant prodigieux qui échappe aux logiques habituelles de prédation visuelle. A mille lieues du reportage et de ses visées spectaculaires, Les Gorgan s’affiche pudique et empathique.

Au Delta, à Namur, du 27 août au 24 octobre.

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