» Les Etats-Unis ont une nouvelle fenêtre d’opportunité « 

Elias Sanbar, ambassadeur de Palestine auprès de l’Unesco, explore les conséquences de l’effacement d’Ariel Sharon

Le 25 janvier prochain, les Palestiniens sont invités à élire les 132 députés de leur Parlement. Que change l’invalidité d’Ariel Sharon à ce scrutin ?

E Le leadership israélien s’effrite, ce qui modifie à son tour le contexte palestinien. A droite, il existe un tiraillement au sein du Likoud entre Benyamin Netanyahu et Sylvain Shalom, l’actuel ministre des Affaires étrangères. Au sein du Parti travailliste, on assiste à une fracture profonde à connotation ethnique. Amir Peretz, sitôt élu, a fait l’objet d’insultes en raison de ses origines séfarades, plus précisément marocaines. Enfin, au sein même de Kadima, il est très clair que le ministre de la Défense, Shaoul Mofaz, va essayer d’arracher son poste au remplaçant d’Ariel Sharon, Ehud Olmert. Il est probable, malgré tout, que Kadima remportera les élections, mais, en attendant, il est certain que les Palestiniens se trouvent en position d’attente d’interlocuteur.

Que change au sort de la région l’effacement d’Ariel Sharon ?

E Contrairement à tous les scénarios catastrophe qu’on nous a présentés, la sortie de scène d’Ariel Sharon pourrait tout à fait inciter les Etats-Unis à revenir en force en remettant en avant la  » feuille de route « . Quelque part, Ariel Sharon l’avait détournée en voulant faire de la road map de George Bush un plan Sharon. Un des principaux axes de la politique d’Ariel Sharon fut l’unilatéralité. C’est ainsi qu’il a procédé unilatéralement au retrait de Gaza, qu’il a fait passer pour un immense geste, et il s’apprêtait à faire de même en Cisjordanie. Or l’unilatéralité va de pair avec un caractère incontrôlé qui échappe aux Etats-Unis. Sharon était un très grand stratège, alors qu’on ne parle de lui qu’en tant que  » bulldozer « . Il avait pour rêve d’achever ce que Ben Gourion n’avait pu finir et d’entrer dans l’Histoire comme celui qui a accompli le cycle territorial. C’est pourquoi, avec l’effacement de Sharon, les Etats-Unis ont une nouvelle fenêtre d’opportunité qui peut leur permettre de revenir au Moyen-Orient avec leur propre lecture de la feuille de route.

Une page est donc tournée ?

E Finalement, Ariel Sharon n’aura pas vraiment survécu à Arafat, dans la mesure où il disparaît de la scène politique un an seulement après le départ de ce dernier. Sans faire de parallèle, car les deux hommes étaient extrêmement différents, une page vient d’être tournée dans les deux cas. l

Entretien : Christian Makarian

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