Les éoliennes tournent-elles moins d’une semaine par mois ?

Ettore Rizza
Ettore Rizza Journaliste au Vif/L'Express

 » Il reste un problème fondamental avec les éoliennes : elles ne tournent que 6 jours par mois.  » Luc Rivet, porte-parole de Vent de Raison, RTBF, 8 décembre 2013.

Les bourrasques étaient inévitables dimanche dernier sur le plateau de Mise au Point, consacré en partie aux projets éoliens du gouvernement wallon. D’un côté, l’Ecolo Philippe Henry, ministre de l’Environnement. De l’autre, son meilleur ennemi Claude Eerdekens, député wallon et bourgmestre PS d’Andenne. Face à face également, Fawaz Al Bitar, conseiller à la fédération des énergies renouvelables Edora, et Luc Rivet, porte-parole de l’association anti-éoliennes Vent de Raison. C’est entre ces deux derniers que le débat a pris son aspect le plus technique.  » L’éolien ne tourne que l’équivalent de 6 jours par mois « , lâche Luc Rivet.  » Faux !, rétorque Fawaz Al Bitar, elles fonctionnent 90 % du temps !  » Et ce dernier de regretter que des énergéticiens ne soient pas présents pour trancher.  » Comment se fait-il qu’il n’y ait pas d’étude indépendante avec des experts, ce ne doit pas être si chinois ?  » s’interroge l’animateur Olivier Maroy. Il en existe. Mais le plus probant est encore de consulter les données de production d’Elia, gestionnaire du réseau de transport d’électricité belge (1). Les chiffres officiels donnent-ils raison à Vent de Raison ?

FAUX Le porte-parole de l’association confond, ou feint de confondre, l’activité des éoliennes avec leur taux de charge. De quoi s’agit-il ? Imaginons un parc éolien implanté à l’endroit idéal. Un endroit où le vent soufflerait toute l’année de manière constante à la vitesse parfaite, ni trop faible, ni trop élevée. Un parc si bien situé tournerait à plein régime 365 jours par an et délivrerait 100 % de l’énergie qu’il est capable de produire. Seulement voilà : un tel lieu n’existe pas. Une éolienne terrestre (onshore) ne démarre que lorsque le vent atteint 9 km/h et s’arrête, par mesure de sécurité, dès qu’il franchit les 90 km/h. La vitesse optimale oscille aux alentours de 45 km/h. Sachant que les vents wallons soufflent en moyenne à 20 km/h, les éoliennes qu’ils font tourner ne parviendront jamais à livrer leur rendement théorique.

La différence entre ce dernier et la réalité s’appelle le taux de charge. Il peut approcher les 40 % en mer du Nord, tout comme en Ecosse, mais plafonne à environ 25 % en Wallonie. Autrement dit, une turbine terrestre installée au sud du pays ne fournit qu’un quart de l’électricité qu’elle serait capable de produire. Et pourtant, elle tourne.

D’après nos calculs, basés sur les observations d’Elia, le taux de charge belge onshore entre février 2012 et aujourd’hui atteint une moyenne de 24 %. Durant ces 22 mois, à peine 6 heures ont produit un taux d’activité égal à zéro, soit moins de 0,1 % de la période. Elia ne fournit pas de statistiques par région, mais rien ne permet de penser que les éoliennes flamandes, souvent situées dans des zonings industriels, soient plus performantes que celles de Wallonie, pour la plupart plantées dans des champs ouverts. A quoi bon, d’ailleurs, réunir une plate-forme de riverains pour les combattre si elles ne produisaient aucune nuisance sonore les trois quarts du temps ?

(1) goo.gl/hZgp2O

Ettore Rizza

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