Les défis de 2003

Cette nouvelle année sportive ne proposera ni Coupe du monde de football, ni Jeux olympiques. Mais certains athlètes belges pourraient nous offrir de belles satisfactions.

Notre pays regorge de dizaines de sportifs qui occupent ou qui ne tarderont pas à occuper le devant de la scène. Parfois même dans des disciplines qui ne reçoivent que peu d’échos. C’est ainsi que le basket féminin belge se prépare à écrire l’une des plus belles pages de son histoire. En décrochant la deuxième place dans son groupe éliminatoire, notre équipe nationale s’est offert sa qualification pour la phase finale du championnat d’Europe qui se déroulera à Athènes en septembre prochain. Un exploit que nos Lionnes attendaient depuis 1985, injustement tapies dans l’ombre de l’équipe masculine. Pourtant, la nouvelle génération est véritablement dorée. Emmenée par Ann Wauters (23 ans), la star des Cleveland Rockets, équipe prestigieuse de la WNBA (l’équivalent féminin de la NBA) et par Kathy Wambe (21 ans), qui évoluera dès le mois de mai à Detroit, l’équipe vient de franchir un nouveau cap important vers les sommets du basket dames avec, en apothéose, une qualification, raisonnablement envisageable, pour les Jeux olympiques de Pékin en 2008.

Le tennis belge devrait, lui aussi, être une nouvelle fois à la fête durant toute la saison. Kim Clijsters, fraîchement auréolée de son quatrième titre consécutif de « sportive de l’année », et Justine Hénin-Hardenne tenteront de briller à nouveau au firmament du tennis mondial. En remportant, en novembre dernier, le Masters féminin à Los Angeles, Kim Clijsters a prouvé à ses derniers détracteurs qu’elle pouvait désormais revendiquer la première place mondiale au classement WTA. Mais, pour ce faire, elle devra rééditer plus régulièrement ses performances face aux redoutables soeurs Williams. Venus et Serena règnent sans partage sur le tennis féminin depuis près de deux saisons et ne sont pas prêtes à laisser beaucoup de miettes à leurs concurrentes. Chez les garçons, on suivra attentivement les résultats de Xavier Malisse. Endurci mentalement, le Courtraisien semble enfin se concentrer uniquement sur son tennis en laissant loin derrière lui ses vieux démons: ego démesuré, coups de colère incontrôlables et goût du luxe. Il peut, dès lors, logiquement viser une place dans le Top 20 mondial en reproduisant ses prouesses de l’année 2002, dont une demi-finale à Wimbledon. Et ce n’est pas tout, les frères Rochus, Steve Darcis ou Elke Clijsters devraient aussi poursuivre leur progression. Il ne faudra peut-être plus attendre trop longtemps avant de voir un joueur ou une joueuse belge inscrire son nom au palmarès d’un des quatre tournois du grand chelem.

Une Kim peut en cacher une autre: comment ne pas se pencher aussi sur les exploits de Kim Gevaert? Championne d’Europe du 60 mètres en salle et vice-championne d’Europe du 100 et du 200 m, la lauréate du Spike d’or 2002 tentera, lors des championnats du monde de Paris, au mois d’août, de conquérir de nouvelles médailles mais, cette fois-ci, face aux meilleures athlètes de la planète. Nouveau porte-drapeau de l’athlétisme belge, elle devrait être l’une des seules Européennes à pouvoir rivaliser avec les championnes américaines.

Six rencontres décisives

En empochant un 6 sur 6 assez flatteur lors de leurs deux dernières sorties à Andorre puis en Estonie, les Diables rouges sont arrivés à se replacer dans la course vers l’Euro 2004 de football. Même si de nombreux supporters pensaient déjà notre équipe nationale hors du coup après sa défaite au stade Roi Baudouin face à la Bulgarie, les hommes d’Aimé Antheunis sont parvenus à sauver les meubles. Mais jusqu’à quand? Les deux courtes victoires ne doivent pas cacher les terribles lacunes des Diables comme une absence de finition impardonnable avec des attaquants du calibre d’Emile Mpenza ou Wesley Sonck. Sans parler de la laborieuse succession de Marc Wilmots, véritable maître à jouer et à penser de l’équipe depuis près de dix ans, qui pose aussi de véritables embarras au sélectionneur national. Personne ne possède aujourd’hui, dans notre pays, la stature et le charisme du nouveau candidat MR au Sénat ( lire en page 10). Heureusement, certaines jeunes pousses montrent déjà le bout de leur nez au plus haut niveau: Thomas Buffel, Koen Daerden ou Jonathan Blondel pour ne citer qu’eux. La route vers le Portugal, où aura lieu la phase finale de l’Euro 2004, semble parsemée d’embûches et la reconstruction entamée après l’ère Waseige est loin d’être terminée. Malheureusement, le temps presse et le droit à l’erreur n’est plus permis. Il faudra, à présent, réaliser un sans-faute lors des six prochaines rencontres qualificatives.

Il y a urgence, également, pour Frank Vandenbroucke qui tentera un nouveau retour dans le peloton cycliste. Adulé et promis à une carrière merveilleuse, mais bien trop faible physiquement et mentalement, il tentera un retour au tout premier plan. Les premières marches du podium seront également convoitées par la relève du cyclisme belge. Leader de cette jeune classe, Tom Boonen, le nouveau coureur de l’équipe Quickstep-Davitamon. Déjà pressenti comme le digne successeur de Johan Museeuw depuis sa troisième place lors de la dernière édition de Paris-Roubaix, il devrait confirmer son énorme potentiel athlétique cette saison avec, on l’espère, une première victoire dans une classique. Son ancien chef de file à l’US Postal, Lance Armstrong, tentera de rejoindre le panthéon du cyclisme en égalant le record de cinq victoires au Tour de France, rejoignant ainsi Jacques Anquetil, Eddy Merckx, Bernard Hinault et Miguel Indurain. Après cela, il devrait prendre une retraite bien méritée… Une grande boucle qui fêtera, cette année, son centenaire en démarrant son périple de Montgeron, la petite ville d’où partirent les premiers coureurs en 1903. Et histoire de marcher sur les traces de leurs illustres ancêtres, le peloton tentera cette année de rester « propre » jusqu’à l’arrivée.

Car, malheureusement, cette année sportive sera, une nouvelle fois, liée à la lutte contre le dopage. L’Agence mondiale antidopage (AMA), qui clôturera bientôt sa troisième année d’existence, essaiera de faire approuver, en mars prochain au Danemark, un « code mondial antidopage ». Un code qui indiquera clairement le cap à suivre pour tous les athlètes, quelle que soit leur discipline, et qui contiendra toutes les sanctions auxquelles ils s’exposent en enfreignant les règles. Dès aujourd’hui, les gouvernements, le mouvement olympique et l’ensemble des fédérations sportives à travers le monde doivent soutenir cette politique de la tolérance zéro. Le tennis sera l’une des premières fédérations à montrer l’exemple. Depuis début janvier, les joueurs et les joueuses doivent se soumettre à des tests de dépistage de l’érythropoïétine (EPO) aussi bien lors des tournois qu’en dehors des compétitions. Le premier contrôle positif conduira à deux ans de suspension et le second à une radiation à vie du circuit!

Difficile, enfin, de ne pas évoquer la nouvelle saison de formule 1 après le feuilleton tabaco-politique concernant le Grand Prix de Belgique. Le président de la Fédération internationale de l’automobile (FIA), Max Mosley, avait annoncé, en avril dernier, que, en accord avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la FIA mettrait fin à l’implication de l’industrie du tabac dans les sports mécaniques, sous quelque forme que ce soit, avant le 1er octobre 2006. Des intentions louables à l’époque mais déjà beaucoup moins sincères aujourd’hui puisqu’il a exprimé « sa préoccupation et sa consternation devant la décision européenne » d’avancer l’interdiction totale pour le tabac au mois d’octobre 2005. Le « plus beau circuit du monde » est décidément bien peu de choses à côté d’une des plus grandes industries mondiales.

Laurent Toussaint

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