Les convictions de votre voisin…

37 % d’incroyants, 100 000 protestants, 40 000 juifs… Et moi et moi et moi ? Le Guide pratique des religions et des convictions dresse le portrait de huit Eglises ou mouvements philosophiques. But : éduquer les élèves à la tolérance

(1) Distribués sur demande. Tél. : 02 227 33 42. Fax : 02 227 33 53. Ou : contact@hasquin.be

Le djihad ferait-il moins peur si les non-musulmans savaient qu’il ne désigne pas des actes fanatiques et meurtriers, comme certains extrémistes l’affirment, mais un combat intérieur du croyant contre ses passions.

La franc-maçonnerie susciterait-elle moins de suspicion si les non-maçons savaient qu’elle n’est pas une société secrète ? Mais une société discrète, ne révélant pas le nom de ses adeptes et ménageant suffisamment de discrétion à leurs réunions, afin de permettre des échanges intellectuels en toute liberté.

Souvent,  » il y a violence parce qu’il y a méconnaissance « , écrit Gabriel Ringlet, prorecteur de l’Université catholique de Louvain (UCL), en conclusion du Guide pratique des religions et des convictions. Il s’agit du premier manuel de référence sur ce que tout bon citoyen devrait savoir à propos des us et coutumes des différentes formes de spiritualité, pratiquées en Wallonie et à Bruxelles.

L’initiative en revient à Hervé Hasquin (MR), ministre-président de la Communauté française et professeur d’histoire à l’Université libre de Bruxelles (ULB).  » De tout temps, les hommes se sont posé le même type de questions… et y ont donné une gamme variée de réponses. D’où venons-nous ? Quel est le sens de notre vie ? » écrit-il en préface du guide. Hasquin a chargé l’un de ses collègues, Baudouin Decharneux, de l’Unité de recherche en didactique, éthique et philosophie de l’ULB, d’élaborer un manuel qui participe à l’introduction de davantage de philosophie et d’histoire des religions dans le secondaire. Lancé, dès 2000, par le ministre-président lui-même, ce débat n’est toujours pas clos. Si, pour des raisons idéologiques et budgétaires, un cours spécifique n’est pas à l’ordre du jour, un consensus se dégage néanmoins pour encourager, au moins, les professeurs à aborder ces thèmes dans différentes branches.

En effet, l’étude du judaïsme, de la laïcité ou du bouddhisme peut aussi bien s’intégrer à un programme de français ou d’histoire qu’à celui d’un hypothétique cours de philo. Encore faut-il mettre à la disposition des enseignants des informations précises et fiables sur un sujet sensible. En 50 pages A4 des plus condensées, le Guide pratique des religions et des convictions offre une approche historique, culturelle et doctrinale des cinq religions monothéistes û le catholicisme, le protestantisme, le judaïsme, l’islam et la religion orthodoxe. Il y ajoute trois mouvements spirituels, religieux ou non : le bouddhisme, le mouvement laïque et la franc-maçonnerie. Malgré de nombreuses illustrations, ce manuel reste ardu. Ses 20 000 exemplaires gratuits s’adressent plus particulièrement aux enseignants et aux élèves de fin de secondaire (1).

Les uns s’étonneront peut-être que le protestantisme et la franc-maçonnerie soient développés en quatre pages, alors que les autres convictions le sont en six. D’autres pourraient remarquer que les auteurs sont parfois juge et partie : c’est André Rouyer, de l’enseignement libre, qui traite du catholicisme. Mais cela n’empêche pas une certaine autocritique, notamment, lorsque Ahmad Aminian, du centre culturel Omar Khayam, soulève le problème de l’  » histoire sclérosée  » de l’islam. Au-delà des reproches que les éternels esprits chagrins ne manqueront pas de faire, l’initiative, d’autant plus ambitieuse qu’elle devait rester concise, a le mérite de proposer des ponts pour aller vers l’autre. Par les temps qui courent, c’est un exploit.

Dorothée Klein

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