les conditions d’un état belge sans la flandre

Les trois conditions de possibilité d’une continuité de l’Etat belge sans la Flandre sont les suivantes. Première condition : accepter la frontière linguistique comme frontière d’Etat (!). Les francophones des communes de la périphérie sont en Flandre. Soit ils reviennent en Belgique, soit ils se débrouillent avec le nouvel Etat flamand qui ne pourra plus alors se cacher derrière le paravent confédéral belge face à ce qui sera une vraie minorité nationale. Vouloir toucher à la frontière linguistique sera perçu en Flandre comme une agression territoriale. De plus, à l’international, c’est indéfendable : comment expliquer à un Français que des francophones qui s’installent en Flandre peuvent parler français alors que les Flamands qui s’installent en Wallonie doivent abandonner leur langue ? N’essayez même pas de leur expliquer que tout cela s’inscrit dans un contexte plus global… le message flamand (tu es chez moi, tu parles ma langue) est inattaquable en termes de communication. Quand, en 1990, des communes peuplées à 90 % de Serbes mais situées en Croatie (Krajina) ont voulu organiser un référendum sur l’élargissement de la Serbie voisine, ça n’a pas été concluant. Le contre-exemple du Kosovo confirme que le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ne marche que dans des ensembles homogènes (Flandre, Wallonie-Bruxelles, Kosovo, Slovaquie, etc.) et pas dans des périphéries mixtes (Krajina, Serbes de Bosnie, Ingouches, Irlande du Nord, communes à facilités). La capitale belge enclavée en Flandre ? ! Et alors ? Bruxelles n’est pas Berlin et M. De Wever n’est pas Staline ! Il y a des Russes à Kaliningrad, des Français dans les îles, des Américains en Alaska et, pour aller de Zagreb à Dubrovnik, il faut passer par la Bosnie. Une capitale belge enclavée de 5 kilomètres dans un Etat flamand démocratique et membre de l’Union européenne ne pose a priori aucun problème.

Deuxième condition : assurer précisément la plus grande continuité possible de l’Etat belge. La Belgique était un Etat fédéral avec 3 Régions et 3 Communautés ? La Belgique reste un Etat fédéral avec 2 Régions et 3 Communautés. La Belgique avait 3 langues nationales ? La Belgique garde 3 langues nationales, etc. Bruxelles reste bilingue, la communauté flamande de Belgique est réduite à Bruxelles, mais y conserve tous ses droits. Seule la parité linguistique du Conseil des ministres devra disparaître de facto. Elle pourrait être remplacée par une parité Bruxelles/Wallonie, le temps d’organiser un vrai Etat fédéral avec un vrai Sénat à 2 ou 2 (germanophones).

Troisième condition : assurer les meilleures relations possibles avec le nouvel Etat flamand. Peut-être dans le cadre d’une confédération Belgique-Flandre, sorte de Benelux plus intime. Un BelVla où on discuterait autour d’une bonne bière de la dette, de Zaventem, des canaux vers Anvers, de l’eau, de l’électricité, de l’Europe des régions et (après quelques bières) de la princesse Mathilde. [à]

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Yvan Falys, par courriel

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