Les Chavez Frères d’armes

La maladie du président vénézuelien marque un tournant. En son absence, une nouvelle personnalité a surgi : Adan, l’aîné de Hugo. Plus falot, mais tout aussi belliqueux.

Attention, un Chavez (ou un Castro) peut en cacher un autre! Comme à La Havane, en 2006, où la maladie de Fidel avait propulsé son frère Raul sur le devant de la scène, une tumeur cancereuse du président vénézuélien Hugo Chavez, 56 ans, extirpée par des chirurgiens dans un hôpital VIP de Cuba, a soudain placé son aîné, Adan, 58 ans, sous le feu des projecteurs. Après vingt-cinq jours d’absence – Hugo Chavez était hospitalisé à Cuba depuis le 10 juin – le président vénézuélien est certes rentré au pays au petit matin du 4 juillet. Mais son absence de trois semaines et demie marque un tournant. Car, jusqu’à présent, Adan, physicien, gouverneur depuis 2008 de l’Etat rural de Barinas (Ouest du pays), le fief familial, était resté dans l’ombre de son tonitruant frérot. Aujourd’hui, estiment les observateurs, cet idéologue marxiste occupe la première place dans la ligne de succession, dans l’éventualité où les problèmes de santé du chef de l’Etat se compliqueraient avant la présidentielle de 2012.

 » L’ennemi ne se repose jamais « 

Une dynastie Chavez ? Ce n’est encore qu’une hypothèse d’école. Cependant, Adan est bien à Hugo ce que Raul est à Fidel. A l’image du cadet des Castro, qui fut communiste avant son frère (Raul fut celui qui présenta Che Guevara à Fidel), l’aîné des Chavez est une sorte de pionnier familial. C’est lui qui rejoint le maquis guévariste mené par le guérillero Douglas Bravo, lequel deviendra le premier mentor de Hugo Chavez. C’est également Adan qui initie Hugo à la  » pensée bolivarienne et anti-impérialiste « . Et lui expose cette doctrine subversive selon laquelle le pétrole national doit être mis au service du projet révolutionnaire.

Aussi peu charismatique que Raul Castro, mais aussi radical, Adan Chavez a, comme lui, fait carrière dans le sillage de son frère. Conseiller du président dès l’avènement de Hugo en 1999, Adan est nommé ambassadeur à La Havane en 2004. De retour à Caracas en 2007, il devient ministre de l’Education, un autre poste clé du système castro-chaviste. La même année, le voilà membre fondateur et pilier du Parti socialiste uni du Venezuela (PSUV, chaviste). Toutefois, contrairement à Raul Castro, Adan Chavez manque de légitimité historique car il n’a pas participé au putsch (manqué) du colonel Hugo Chavez contre le président élu, en 1992. Un épisode majeur de la saga chaviste. D’où, peut-être, sa déclaration fracassante de la semaine dernière.  » Nous souhaitons continuer à construire le socialisme bolivarien de manière pacifique, mais, puisque l’ennemi ne se repose jamais, nous ne pouvons écarter d’autres méthodes de lutte « , a menacé Adan. Et de citer Che Guevara :  » La voie électorale n’est pas la seule ; il existe d’autres modes d’action pour obtenir le pouvoir [NDLR comprendre : conserver le pouvoir], y compris la lutte armée. « 

Ce ton belliciste confirme que des dissensions sont apparues au c£ur du pouvoir, où deux clans rivaux s’affrontent. D’un côté, les  » castristes « , incarnés par Adan Chavez et par le vice-président Elias Jaua. Ce sont les partisans d’un alignement total – idéologique, économique, stratégique, militaire – sur Cuba. De l’autre, les nationalistes, incarnés par le richissime ex-ministre des Infrastructures Diosdado Cabello et une partie du haut commandement militaire. Ils se lassent de voir leur président abandonner des milliards de pétrodollars, une partie de la souveraineté nationale, et maintenant son corps, aux bons soins des frères Castro et de leurs médecins.

AXEL GYLDÉN

Une certitude : Adan est à Hugo ce que Raul est à Fidel

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