Le vrai visage du Coudenberg

Barbara Witkowska Journaliste

Du château médiéval au site archéologique… Un beau livre retrace l’histoire du palais du Coudenberg à Bruxelles, résidence des ducs de Brabant, des ducs de Bourgogne et de Charles Quint. Un ouvrage de référence.

Quel formidable travail d’équipe ! Pas moins de trente scientifiques (historiens, historiens de l’art et archéologues) issus de plusieurs universités belges ont réuni leurs compétences spécifiques et pointues pour nous conter de manière vivante et attrayante la success-story de l’ancien palais ducal de Bruxelles. Son histoire remonte au XIIe siècle, à l’époque où Bruxelles connaît un extraordinaire essor. Les environs de la colline du Coudenberg attirent bourgeois, commerçants et artisans. Le quartier se transforme en place to be, surtout à partir du moment où une résidence seigneuriale est érigée à son sommet. La demeure accueille les ducs de Brabant, puis les ducs de Bourgogne et ensuite Charles Quint et sa cour… Les locataires successifs ne cesseront de l’agrandir et de l’embellir. Au fil du temps, elle deviendra un immense palais somptueusement décoré, l’un des plus prestigieux d’Europe.

Hélas ! Dans la nuit du 3 au 4 février 1731, un violent incendie anéantit le magnifique ensemble. Ses ruines feront partie du paysage bruxellois pendant quarante ans avant d’être complètement rasées pour dégager l’espace en vue de l’aménagement de la place Royale actuelle. Certaines structures inférieures du palais ont pourtant subsisté. Enfouies sous la place Royale, elles éveillent l’intérêt des archéologues et les fouilles commencent dans les années 1980. Après un quart de siècle de travaux intenses, elles aboutissent à la création du remarquable site archéologique du Coudenberg qui attire chaque année environ 50 000 visiteurs.

 » La première monographie dédiée au palais date de 1991, explique Cecilia Paredes, docteur en histoire, art et archéologie. Depuis lors, l’histoire de l’art a beaucoup évolué. De surcroît, les apports étrangers ont élargi notre vision. Je pense, notamment, à l’exposition sur Charles le Téméraire en Suisse, en 2008, ou encore l’exposition sur Charles Quint en Espagne, en 2000. Ces commémorations ainsi que les récits des voyageurs de l’époque, comme l’artiste Albrecht Dürer ou Léon de Rozmital, seigneur de Bohême qui a pu visiter la salle du trésor de Philippe le Bon, m’ont permis de restituer virtuellement le décor du palais et de dresser un inventaire des collections artistiques réunies par les seigneurs successifs. Aujourd’hui, elles sont éparpillées dans l’Europe entière.  »

Superbement illustré, cet album est un régal pour les yeux. Il est évidemment plus que cela.  » Le site du Coudenberg est un lieu de pouvoir, souligne Christophe Loir, historien à l’ULB. Il est l’objet d’enjeux politiques et stratégiques depuis neuf siècles. Sa complexité est une leçon d’histoire et d’archéologie. Coudenberg est un haut lieu de réflexion qui nous permet de prendre conscience de l’épaisseur du temps, du dialogue entre les siècles et de l’évolution des villes. Il illustre les notions de continuité et de rupture. Nous avons souhaité que cette nouvelle monographie soit accessible à tous. Il s’agit d’un équilibre parfait entre un ouvrage scientifique et une vulgarisation de qualité.  »

Le palais du Coudenberg à Bruxelles, aux éditions Mardaga, 360 p.

Barbara Witkowska

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