Le trafic et ses stimulants

Sur le podium de la criminalité, le trafic des ouvres d’art se classerait en 3e position, juste après la toute-puissance de la drogue puis des armes. Une place qui reste toutefois difficile à confirmer…

Lorsque l’on demande une estimation du montant annuel global lié au trafic mondial d’£uvres d’art, on nous bredouille – faute de relevé objectif – le chiffre de 4 ou 5 milliards de dollars. Un décompte très  » à la louche  » mais qui donne néanmoins une idée de l’importance des flux financiers générés. Rien d’étonnant au vu des montants auxquels les £uvres volées sont estimées. La petite sculpture de Dali volée à Bruges ? Plus de 100 000 euros. L’ Olympia, de Magritte, atteindrait déjà les 3 millions d’euros. Les Fleurs de pavot, de Van Gogh, dérobé au musée du Caire en août dernier, est estimé à 50 millions de dollars. Malgré ces quelques exemples de grande valeur, dans ce type de criminalité, aucune catégorie n’est épargnée. En résumé, voilà un marché très lucratif, bien persistant… et dopé de stimulants !

Ici, le progrès n’a pas que du positif ! Les évolutions en matière de transports et de communications, à la fois plus efficaces et plus accessibles, favorisent le développement international d’activités illicites. Tous types de trafics confondus. D’ailleurs, en règle générale, un tableau volé dans un pays quitte le territoire dans les 48 heures. Traverser aussi rapidement les frontières permet de brouiller les pistes. Du coup, chaque pays devient facilement le  » receleur  » de son voisin. En cause : la grande disparité des législations internationales qui complique la coopération entre les différents pays européens.

La pendule  » Berlusconi  » est un bel exemple de tribulations. Il éclaire sur les mécanismes du trafic d’£uvres sur le continent et le rôle de pivot joué par la Belgique. Volée au château de Bouges (près de Châteauroux, en France), revendue à un receleur belge, à un Néerlandais, puis à un marchand allemand, la pendule atterrit chez un antiquaire anglais qui la revend à Silvio Berlusconi, ou plus précisément à sa femme (de l’époque) en toute bonne foi.

L’hégémonie d’Internet est également une superbe faille qui encourage le commerce illicite de biens culturels. Les sites de vente proposent quantité d’offres suspectes mais ces doutes restent souvent sans suite. Deux raisons sont principalement évoquées. La première : en raison de paramètres de confidentialité, il est très difficile d’obtenir auprès des plates-formes de vente l’identité du vendeur. La seconde : de nombreuses ventes frauduleuses se font en un éclair, de quelques heures à quelques jours dans les meilleurs cas, ne laissant pas le temps à l’enquête d’avancer.

Enfin, le trafic des £uvres d’art est stimulé par le fait que des objets volés peuvent facilement réintégrer le milieu officiel. Les marchés licite et illicite de l’art n’existent pas l’un sans l’autre. Un objet volé passe de l’un à l’autre pour réapparaître chez un commerçant honnête après parfois de nombreuses années. C’est naturellement une grande différence avec le marché de la drogue dans lequel la marchandise ne quitte pas la sphère de l’illégalité.

G. GR

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