Le talent paie toujours

Une monnaie complémentaire à l’euro sera en circulation dès le 1er janvier 2014 à Ottignies et Louvain-la-Neuve. Le  » talent  » vise à favoriser le commerce et la production locale. Reste à voir si la population passera à la caisse.

Les billets ne sont pas encore imprimés. Mais ce n’est qu’une question de semaines. Dès le 1er janvier 2014, les habitants d’Ottignies-Louvain-la-Neuve pourront payer leurs courses avec des  » talents « . Une monnaie locale complémentaire qui côtoiera les euros dans le portefeuille. Toutes les deux auront la même unité de valeur.

L’intérêt ? Favoriser les producteurs et commerçants locaux, privilégier les circuits courts, encourager les comportements et les achats favorables à l’environnement. L’idée n’est pas neuve. L’épi (Lorraine belge), le ropi (Mons), le minuto (Braine-le-Comte), l’éco iris (Bruxelles) sont déjà en circulation depuis quelques années. Avec des succès divers, il faut l’avouer.  » Nous ne nous attaquons pas à l’euro mais nous nous voulons libérer la monnaie de toute dynamique purement financière, lance l’un des initiateurs, Antoine Fain, passionné par les systèmes de monnaies alternatives. L’argent, au lieu de dormir sur un compte d’épargne ou de servir à la spéculation financière, doit servir directement à la production de biens et de services bénéfiques à la collectivité. L’objectif est de fidéliser les clients, de les responsabiliser et de leur donner les moyens d’utiliser une monnaie plus éthique.  »

Masse monétaire

Le  » talent  » sera une première en Brabant wallon. La mayonnaise prendra-t-elle pour autant ? Ottignies-LLN semble être la commune à disposer du terreau le plus favorable à ce genre d’initiative. Nombre d’habitants sont sensibles aux valeurs d’économie locale et de développement durable. Reste à voir s’ils franchiront le cap. Une enquête auprès des habitants, en cours jusqu’au 15 octobre (1), permettra d’y voir plus clair et d’affiner les critères de participation. Les politiques locaux, l’UCL, l’association des commerçants de Louvain-la-Neuve et les étudiants soutiennent en tout cas le projet.

Les instigateurs (une dizaine de citoyens : juriste, avocat, ingénieur, économiste, spécialiste de la com’…) se donnent deux ans avant d’évaluer les bienfaits de cette monnaie complémentaire.  » En 2016, nous lancerons une version 2.0 du talent qui permettra de mesurer son impact « , précise Stéphane Vanden Eede, à l’origine de l’initiative. Les premiers coups de sonde auprès de la population sont favorables.

Comment cela va-t-il fonctionner au jour le jour ? Des billets de 1, 5, 10, 20 et 50 talents pourront être retirés auprès de comptoirs et ne pourront pas être rechangés contre des euros,  » le temps de créer une masse monétaire « . Un réseau de commerçants sera constitué. Les habitants pourront y payer leurs achats. Seul le territoire ottintois est concerné. Du moins dans un premier temps.  » Si cette monnaie fonctionne, elle pourrait être étendue d’ici à deux ans à d’autres communes du centre du Brabant wallon « , espère Stéphane Vanden Eede. Ajoutons qu’à chaque talent en circulation correspondra un euro placé en garantie dans un organisme bancaire éthique.

D’ici à janvier 2014, la sensibilisation va se poursuivre. Des subsides sont encore espérés pour financer la production de billets. Si ce n’est pas le cas, le groupe de citoyens à l’origine de cette monnaie financera l’impression.  » On croit vraiment en ce projet, poursuit Stéphane Vanden Eede. Il s’agit vraiment de s’ouvrir à un autre modèle de société. Il est plus que temps d’y arriver…  »

(1) www.letalent.be

X.A.

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