Le salut via une bouée publique ?

Ce ne serait pas une première de voir les pouvoirs publics monter au créneau et entrer dans le capital d’un fleuron en péril. Avec succès à la clé, à l’image de Prayon, CMI ou encore la FN…

(1) La Sogepa s’est progressivement retirée du capital de CMI au profit des autres actionnaires. Elle reste néanmoins présente au conseil d’administration.

La crise financière de 2008 a mis au jour les talents d’illusionnistes des plus grands défenseurs du  » tout au marché « . S’agissant de sauver les banques, ils avaient subitement (re)découvert les vertus de la puissance publique. Les banques ont non seulement été sauvées des abîmes, mais les Etats sont même entrés dans leur capital. C’est ainsi qu’aujourd’hui, via la SFPI, l’Etat contrôle 100 % de Belfius Banque (ex-Dexia Banque Belgique), 25 % de l’ex-Fortis Banque et, en échange des 75 autres pour cent, une participation de 10,70 % au capital du groupe BNP-Paribas, faisant du coup de notre petit pays le plus gros actionnaire du huitième groupe bancaire au monde !

L’industrie aussi…

L’intervention publique, en temps de crise, devrait-elle se limiter au seul secteur financier ? Si l’éventualité d’une nationalisation des actifs liégeois d’ArcelorMittal a déjà provoqué une poussée d’urticaire chez la présidente de l’Open VLD, Gwendolyn Rutten, cette piste n’a pas été écartée d’un revers de la main par les libéraux francophones. Quelques cas montrent en effet qu’un actionnariat public (minoritaire ou non) – avec un management à la hauteur – a aussi ses vertus. Et quelles vertus ! Voyons le cas de Prayon, à Engis, près de Huy.  » La partie n’était cependant pas gagnée d’avance, confie Yves Caprara, son actuel CEO. Voici une trentaine d’années, l’entreprise était sous procédure concordataire. Elle a été reprise à 50/50 par la Région wallonne et l’Office chérifien des phosphates (Maroc), avec un plan industriel à la clé. Elle est devenue, au fil du temps, une des plus belles pépites industrielles de Wallonie…  »

Idem chez CMI, société pour laquelle on pourrait parler de retour d’outre-tombe ! Reprise par le tandem Bernard Serin/Pierre Meyers, des cadres et, last but not least, la Sogepa (1), bras financier de la Région wallonne, CMI a très vite retrouvé la voie de la rentabilité, avec au demeurant, un splendide développement à l’international. Que dire de la FN Herstal, pour laquelle la Sogepa était aussi montée au créneau pour reprendre à Giat (France) sa participation ?

Au-delà de considérations (à court terme) de sauvetage d’emplois, la détention par les pouvoirs publics (dans une perspective de long terme) d’actifs industriels de tels calibres est surtout une façon d’assurer à la Région la présence d’un tissu d’entreprises dites  » structurantes « . Bref, de sociétés générant des activités et des emplois en amont et en aval. Tout en gardant au passage la main sur la technologie et les brevets, un enjeu majeur dans le dossier ArcelorMittal qui confronte une petite Région à un véritable empire multinational.

JEAN-MARC DAMRY

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