Le rétro, in ou out ?

La Mini et la Fiat Cinquecento sont de grandes réussites de la vague du rétro. En revanche, la Jaguar recueille le succès en rompant totalement avec son passé. Alors, rétro ou non ?

Pour le constructeur italien de Turin, le remake de la Fiat 500 s’est révélé la première bonne nouvelle depuis plusieurs années. Frank Stephenson est l’homme qui avait déjà donné une seconde vie à la Mini, il y a cinq ans. Cette fois, il réussit la même prouesse en ressuscitant la populaire petite Fiat des années 1960 et 1970. Il n’est pourtant pas évident de concilier le de- sign ancien, la technologie moderne et les sévères réglementations en matière de sécurité et d’émissions polluantes. Le designer belge Luc Landuyt s’en est aperçu chez Renault, où il a tenté une expérience identique avec la R4 ( lire page 152).  » En effet, constate-t-il, la voiture moderne doit répondre à des critères très différents de celle d’il y a trente ou quarante ans.  »

Pour sa part, Jaguar a choisi le chemin inverse. Après avoir témoigné, un demi-siècle durant, d’une fidélité rigoureuse aux lignes d’un modèle culte, le chief designer Ian Callum a tiré un trait catégorique sur le passé. Avec la nouvelle XF, Jaguar change sensiblement de style, modifie ses priorités et cible un nouveau public. La XF s’avère superbe d’allure et dispose des qualités sportives suffisantes pour séduire le nouveau public visé, jeune et fortuné.

A 33 ans, le Belge Louis Vermeersch est le plus jeune chief designer qu’ait jamais connu Pininfarina, la société mythique qui a produit une majorité de modèles légendaires, spécialement pour les prestigieuses marques italiennes Ferrari et Maserati. Et son succès n’est pas près de décliner : désormais, des clients chinois et indiens frappent aussi aux portes de ses ateliers. Les designers de Pininfarina sont-ils pour autant également intéressés par la réincarnation d’anciens modèles ?  » Non, répond Vermeersch, car Pininfarina possède déjà un style propre qui se répercute à travers toutes ses créations. Faire du rétro jurerait avec notre tradition. Notre attention se porte davantage sur l’intégration harmonieuse, dans la voiture, de nouveaux systèmes de propulsion ou de carburant alternatif, sans en abîmer le design. « 

Marc Van der Haegen, 38 ans, est un autre jeune Belge qui a fait son chemin dans le monde international automobile. Actuellement assistant chief chez Opel, il figure au sommet d’une liste de plusieurs autres de- signers belges actifs dans ce secteur, comme Steven Crijns (Lotus), Pierre Leclercq (BMW), Sebastien Stassin (KTM), Jo Stenuit (Mazda), Sonja Vandeberk (Opel) et Marten Verschore (Hyundai). Après avoir étudié à Anvers et à la Fachhochschule für Gestaltung, à Pforzheim, en Allemagne, il a entamé sa carrière, il y a dix ans, chez Opel, à Rüsselsheim, muni d’un contrat temporaire de trois mois. Mais il y a rapidement gravi les échelons. Les lignes des modèles Opel Vivaro, Zafira et Meriva portent déjà son empreinte. Il est également l’un des artisans de l’Insignia, le nouveau top model d’Opel. Et il collabore de manière intensive au façonnage de la version qui succédera à l’Astra. Il n’existe toutefois pas encore d’illustration de l’allure définitive de ces voitures.  » Nous n’informons guère sur les nouveaux modèles, explique Van der Haegen. Si on en diffuse des photos trop tôt, c’est au détriment de la vente du modèle encore sur le marché ( lire l’encadré page 156 ).  »

Aux Salons de l’auto de Francfort et de Genève, Opel a pourtant levé un bout du voile sur ses nouvelles créations. Sous un design séduisant, elles semblent dégager de l’audace et du dynamisme. Mais ce nouveau profil ne va-t-il pas à l’encontre des exigences du client type de la marque allemande, traditionnellement attaché à une voiture robuste, fonctionnelle et peu onéreuse à l’achat et à l’entretien ?  » Nos voitures gardent toutes leurs qualités ; seul l’emballage est trendy « , assure Van der Haegen.

Quant à l’ébauche de la version appelée à succéder à la Meriva, elle fait preuve d’une innovation spectaculaire : les portes arrière s’ouvrent dans le sens contraire à la marche, comme quelques voitures de jadis. Cette construction facilite grandement l’accès aux sièges arrière et ne diminue en rien la sécurité des occupants. Bien qu’il ne s’agisse que d’un dessin de projet, il est très probable que ce système d’ouverture équipera la nouvelle Meriva. Au grand soulagement de nombreux parents qui éprouvent souvent les pires difficultés pour caser sièges et enfants à l’arrière…

U.V.

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