«Pire employeur d’Europe», Peter Hebblethwaite vient de remporter le titre de «pire patron au monde». Décidément... © BELGA IMAGE

Le prix

Le Vif

Il y avait un brin de concurrence. Mais c’est Peter Hebblethwaite, le patron de la compagnie de ferrys P&O, qui remporte le prix du «pire patron au monde». Un trophée décerné par la Confédération syndicale internationale (CSI), dont la CSC, la FGTB et CGSLB sont membres. Celui que l’on surnomme, au parlement écossais, «l’homme le plus détesté du Royaume-Uni» s’était déjà vu attribuer le titre de «pire employeur en Europe», en mai dernier, par la Fédération européenne des travailleurs des transports. Ce qui lui vaut ce prix? Avoir viré en 24 secondes huit cents salariés par une courte séquence vidéo Zoom, les informant que ce jour-là était leur dernière journée dans l’entreprise, sans négociations ni préavis, comme le prévoit la législation britannique. Puis, les avoir immédiatement remplacés par des étrangers sous-payés. Interrogé par des législateurs, Peter Hebblethwaite a admis, sans vergogne, avoir enfreint la loi et a même déclaré qu’il serait prêt à le refaire. Le prix, octroyé tous les quatre ans, agite les nuits de bon nombre de chefs d’entreprise. Mais, tout de même, il n’est pas à la portée de tous. Il en faut déjà beaucoup pour le décrocher. Ainsi, selon la CSI, il permet de pointer ce qui unit ces «pires patrons du monde»: mépris de la démocratie, affaiblissement du droit des travailleurs, soutien à l’esclavage et au système de la kafala – un «parrainage» obligatoire des travailleurs immigrés par leur employeur, pratiqué dans certains pays du Golfe, rendant l’employé dépendant de son patron – ou encore évasion fiscale. L’objectif de la CSI en décernant ce prix? Encourager, de l’intérieur, les actionnaires et les investisseurs à se saisir de ces questions pour faire évoluer l’entreprise. Peter Hebblethwaite se classe juste devant Jeff Bezos, le boss d’Amazon, Alan Joyce, le PDG de la compagnie aérienne australienne Qantas, Ahmed bin Saeed Al Maktoum, du groupe Emirates, Howard Schultz, patron de Starbucks et, seule femme à bord, Gina Rinehart, présidente exécutive de l’empire minier Hancock Prospecting. Le patron britannique rejoint la liste des anciens, où se côtoient Jeff Bezos d’Amazon (2014) et Michael O’Leary de Ryanair (2018). Pfff, décidément, ce sont toujours les mêmes têtes qu’on voit…

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