Le plan d’Israël

Le Premier ministre par intérim Ehud Olmert confirme l’intention israélienne d’encercler complètement les Palestiniens de Cisjordanie et de réduire leur territoire à une peau de chagrin

De notre correspondant à Tel-Aviv

Ce n’est pas un secret que, dans les prochaines années, nous n’investirons plus en Cisjordanie les mêmes sommes que par le passé.  » Inaugurant mardi 7 mars à Tel-Aviv la Conférence annuelle sur les grands projets d’infrastructure, le Premier ministre israélien par intérim Ehud Olmert a confirmé que le gouvernement issu des élections du 28 mars prochain – et dont le parti centriste Kadima sera sans doute le moteur – consacrera principalement ses efforts de développement à la Galilée, au désert du Néguev et à Jérusalem.

Quid des colonies israéliennes de Cisjordanie ? Elles ne sont plus aussi choyées que durant ces dernières années. Certaines d’entre elles sont d’ailleurs appelées à subir le même sort que leurs cons£urs de la bande de Gaza en 2005.

Selon Avi Dichter – un ancien directeur général du Shabak (la Sûreté générale de l’Etat hébreu), qui est également le principal conseiller en sécurité d’Olmert -, Israël appliquera d’ici à la fin de l’année un plan de retrait partiel et unilatéral de ce territoire occupé. Un projet baptisé  » plan de désengagement civil  » que l’ancien patron du Shabak a élaboré avec l’aval d’Ariel Sharon (dont il était le protégé), puis de son successeur.

Estimant que  » la feuille de route ( NDLR : le plan de paix soutenu par la communauté internationale) est morte et {qu}Israël doit s’adapter à la nouvelle réalité de la région  » ( NDLR : la victoire du Hamas aux élections palestiniennes du 25 janvier), Dichter estime donc que le retrait israélien doit se dérouler sans concertation avec l’Autorité palestinienne (AP) et sur une durée de quatre ans. Dans un premier temps, 17 implantations relativement importantes mais isolées les unes des autres seraient évacuées puis rasées. Certaines d’entre elles sont des bastions du  » Gouch Emounim  » (Bloc de la foi), le mouvement nationaliste religieux qui a initié la colonisation des territoires peu après la victoire israélienne lors de la guerre des Six Jours, en juin 1967. D’autres sont considérés comme des  » colonies non idéologiques « , ce qui signifie que des Israéliens s’y sont installés en raison du coût de la vie moins élevé qu’à l’intérieur de l’Etat hébreu.

Quoi qu’il en soit, le  » désengagement civil  » ne touchera que 15 000 à 20 000 colons sur les 250 000 qui vivent en Cisjordanie, hors Jérusalem et environs. Contrairement à ce qui s’est passé lors du démantèlement des implantations de Gaza, les terrains évacués ne seront pas rétrocédés à l’AP. En fait, l’armée israélienne les transformera en  » zones de sécurité  » qu’elle continuera à occuper pour  » empêcher les infiltrations terroristes « . Quant aux habitants des implantations évacuées, ils seront transférés dans les sept grands blocs d’implantations qu’Israël veut maintenir en Cisjordanie, avec l’intention de les annexer. Parmi ceux-ci, les blocs de Maaleh Adoumim et de Gouch Etzion auront pour vocation d’entourer Jérusalem, mais le plan prévoit aussi de maintenir des colonies à proximité de cinq des six grandes villes palestiniennes. Les blocs sont d’ailleurs disposés de manière à pouvoir saucissonner facilement la Cisjordanie en cas de nouvelle Intifada.

Enfin, le  » plan de désengagement civil  » prévoit de renforcer les implantations agricoles de la vallée du Jourdain afin de transformer la zone en glacis. Celui-ci achèvera l’encerclement de la Cisjordanie entamé plus à l’ouest par le mur de séparation.

A Gaza-ville, le porte-parole du Hamas, Samir Zoukhi, a affirmé que  » le caractère unilatéral ou non de ce plan ne changera rien à la lutte du peuple palestinien pour la récupération de ses terres occupées « . De son côté, les responsables du Fatah (opposition) ont certes condamné le caractère unilatéral du plan mais ils se déclarent également  » prêts à en discuter avec Israël  » lorsqu’ils retrouveront le pouvoir. Ce qui ne semble pas être pour tout de suite.

Serge Dumont

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