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 » Le mieux est de rester sur le marché « 

 » Plus d’un an après le début de la crise sanitaire, une lumière se profile enfin à l’horizon grâce, notamment, aux campagnes de vaccination. Les marchés financiers ont déjà anticipé cette reprise avec de nouveaux sommets historiques pour un certain nombre d’indices. Pour Wim D’Haese, responsable de la stratégie d’investissement chez Deutsche Bank, il ne faut cependant pas s’attendre à des sommets vertigineux car la hausse du bénéfice des entreprises tempérera les valorisations élevées.

Dans le monde entier, les marchés boursiers ont connu un bon premier trimestre. Le Stoxx Europe 600, un indice très large regroupant 600 actions de 17 pays de la région européenne, a par exemple noté un gain de 10% (1). Depuis un moment, les Bourses se portent plutôt bien et plusieurs indices ont atteint des sommets historiques ces derniers mois. Cela a été notamment le cas du DAX allemand, du S&P 500 américain et du Dow Jones. L’Eurostoxx 50 a atteint son plus haut niveau depuis 14 ans et le Nikkei japonais son plus haut niveau depuis plus de 30 ans.

L’an dernier, l’épidémie du coronavirus a eu un impact considérable sur l’économie mondiale. La reprise économique s’est néanmoins rapidement amorcée, principalement sous l’impulsion des États-Unis et de la Chine. « La campagne de vaccination est un facteur important dans cette reprise. Il nous faut cependant rester prudents car il existe encore de nombreux risques potentiels comme des retards dans les livraisons de vaccins, des effets secondaires éventuels, l’émergence de nouveaux variants… », prévient Wim D’Haese, responsable de la stratégie d’investissement chez Deutsche Bank.

Ne pas désinvestir

Quoi qu’il en soit, la période actuelle est passionnante pour les investisseurs. « Ils ont tout intérêt à investir d’après leur profil de risque et surtout à ne pas désinvestir », souligne Wim D’Haese. « En quittant les marchés, ils risqueraient de passer à côté d’une part importante de la hausse potentielle. En 2020, la Bourse a été extrêmement volatile mais ceux qui ont investi dans le S&P 500 ont quand même clôturé l’année sur un gain de 16%. Quant à ceux qui avaient raté les cinq meilleures journées boursières (toutes entre le 13 mars et le 6 avril 2020), ils se sont retrouvés avec une perte de 19% (1). Le mieux est alors effectivement de rester sur le marché. »

Un taux d’intérêt réel qui remonte, c’est un signe d’accélération de la croissance.  » (Wim D’Haese)

Malgré les bonnes performances des derniers mois, Wim D’Haese estime que les actions restent le moteur principal d’un portefeuille performant. « La reprise économique, le faible niveau des taux d’intérêt, le soutien des banques centrales et des gouvernements et le rebond des bénéfices pour les entreprises, tout ce contexte est positif pour les actions. Toutefois, une pause ou une correction intermédiaire ne peuvent être exclues. Il est très difficile de prévoir si et quand cela se produira. En tout état de cause, il est préférable de garder à l’esprit la situation à long terme et de ne pas s’engager dans des transactions à court terme. »

Des investisseurs s’inquiètent entre-temps de la valorisation élevée de certaines actions. « Quand on regarde le ratio cours/bénéfice, les actions sont peut-être chères dans une perspective historique mais ce n’est certainement pas anormal quand le taux d’intérêt est bas. Le ratio cours/bénéfice ne peut cependant pas augmenter davantage si on veut qu’il reste acceptable. Nous nous attendons à ce que la hausse des bénéfices des entreprises crée un potentiel haussier du cours des actions, avec même une légère atténuation du ratio cours/bénéfice. »

La hausse des taux d’intérêt à long terme aux États-Unis alimente chez les investisseurs la crainte d’une hausse vertigineuse. Depuis le début de cette année, le taux d’intérêt à 10 ans est passé d’un peu moins de 1% à 1,60%. « Un taux d’intérêt réel qui remonte n’est en soi pas une mauvaise chose pour les actions. C’est un signe d’accélération de la croissance », répond Wim D’Haese. « En revanche, une hausse rapide et forte peut bel et bien être néfaste pour les marchés d’actions. Quand le taux d’intérêt est plus élevé, les obligations deviennent relativement plus intéressantes que les actions. Nous pensons que les feux clignotants se déclencheront dès que le taux américain à 10 ans atteindra les 2,5%. Reste à voir si cela se produira. Quoi qu’il en soit, le niveau des taux d’intérêt dépend en partie des anticipations au sujet de l’inflation. Et nous pensons qu’elles diminueront un peu au cours du second semestre. »

Wim D'Haese, responsable de la stratégie d'investissement chez Deutsche Bank.
Wim D’Haese, responsable de la stratégie d’investissement chez Deutsche Bank.

Un noyau entouré de satellites

Un portefeuille composé uniquement d’actions est extrêmement volatil, ce qui peut entraîner des pertes importantes en cas de correction. Ce que Wim D’Haese propose, c’est un portefeuille composé d’un noyau robuste entouré de quelques satellites reflétant certains thèmes ou certaines convictions.

Pour résister à une forte volatilité, le noyau du portefeuille doit être robuste. « Cela veut dire qu’il doit être constitué de différentes classes d’actifs, avec une corrélation aussi faible que possible entre ces différentes classes. Il est important de suivre de près la composition du portefeuille mais sans se laisser aller à faire constamment des changements. Miser sur des transactions à court terme n’est pas une bonne idée, nous visons surtout la robustesse à long terme. »

La partie satellite permet quant à elle de mettre ses propres accents dans le portefeuille par le biais de l’exposition aux actions. « Nous accordons une attention particulière aux valeurs cycliques car elles sont les premières à bénéficier de la reprise économique, par exemple les valeurs financières et les petites & moyennes capitalisations », poursuit Wim D’Haese. « Nous choisissons aussi de placer nos thèmes de long terme dans ces satellites. Nous croyons en tout cas au potentiel de la robotique, de la cybersécurité, de l’énergie verte et de l’intelligence artificielle. De manière générale, le secteur technologique est un exemple de croissance qualitative. La numérisation est une tendance structurelle de notre société (montée du commerce électronique, télétravail…), et c’est logiquement un de nos secteurs favoris. »

(1) Source: Bloomberg

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