A 25 ans, Ronaldinho s’est adjugé le cinquantième Ballon d’or de l’histoire. La victoire du beau foot
Un stade debout qui acclame un joueur, cela n’a rien d’anormal. A moins que cette rencontre, qui se déroule au stade Santiago Barnabeu, oppose le Real Madrid au FC Barcelone et que les spectateurs madrilènes réservent une ovation à la star de l’équipe adverse malgré la défaite de leurs couleurs (0-3). Le phénomène Ronaldinho, c’est cela. Avec son sourire de gamin et son visage d’ange, le sémillant joueur brésilien est un phénomène. Qui pouvait imaginer, en effet, que l’enfant de Porto Alegre, qui avait appris à dribbler en esquivant son chien et les meubles de son salon, deviendrait une icône vivante ? Sa large victoire au Ballon d’or n’est donc qu’une consécration supplémentaire de son immense talent. Créé en 1956 par Gabriel Hanot, le prix du magazine France Football est décerné par un jury composé de journalistes européens au meilleur footballeur évoluant dans un club européen.
Les artistes et les artisans
En succédant au palmarès à Andreï Shevchenko, le buteur prodige de l’AC Milan, le Brésilien entre donc définitivement dans l’histoire du football. Désigné joueur de l’année 2004 par la Fifa (Fédération internationale de football), Ronnie a très largement contribué au titre du FC Barcelone en Liga la saison dernière. Mais ce n’est pas tout. Il a également été un des principaux artisans du succès de son pays lors de la Coupe des Confédérations en juin dernier. Avec ses 62 sélections et ses 27 buts, il est devenu l’un des maîtres à jouer de la Seleção qui ne possède déjà plus qu’un seul et unique objectif pour 2006 : remporter pour la sixième fois la Coupe du monde après le titre de 2002. Après un passage difficile au PSG, le magicien a pris toute son envergure après son transfert au Barça. Adulé par le public, il magnétise le ballon. Ses dribbles sont magiques et ses mouvements donnent l’impression qu’il évolue constamment au rythme de la samba. Un mener de jeu, capable de tout sur la pelouse : chaque nouvelle rencontre lui permet de réinventer le football.
Si Ronaldinho s’est imposé lors du référendum, les redoutables tacticiens du ballon rond regretteront eux que la récompense ne soit pas revenue plutôt à l’un des artisans du football moderne. En effet, pour beaucoup, hélas, le jeu est aujourd’hui basé sur la rigueur et la polyvalence. Il aurait donc été plus logique de récompenser l’infatigable milieu de terrain de Chelsea, Frank Lampard – qui termine deuxième – ou le capitaine de Liverpool, Steven Gerrard, qui complète le podium. Les deux Anglais sont les dignes représentants de cette nouvelle catégorie de joueurs, si chers à José Mourinho, le stratège portugais aux commandes de Chelsea. Des meneurs costauds qui pressent haut dans le jeu, qui récupèrent beaucoup de ballons, qui savent délivrer des assists et qui peuvent frapper au but de manière efficace. Mais, d’un autre côté, ces travailleurs insatiables font souvent le » sale boulot » alors que les spectateurs, dans les stades, préfèrent de loin s’enthousiasmer pour les créateurs géniaux. Car ce sont les artistes qui font du football une véritable fête.
Laurent Toussaint