Le  » feu  » à la piscine

(1) Les panneaux ont aussi bénéficié d’importants subsides régionaux et fédéraux.

La piscine Victor Boin, à Saint-Gilles, fête ses cent ans. Avec ses bains turcs et ses cabines périphériques en carrelage de Delft, elle a un charme fou. En avril dernier, cet atout esthétique s’est marié subtilement avec la technologie moderne : 185 mètres carrés (!) de panneaux solaires, orientés plein sud sur le toit, en font la première piscine bruxelloise high- tech. Et ça marche ? Oui. Ce matin-là de novembre, un petit crachin et une température extérieure d’à peine 10 degrés n’empêchaient pas le thermomètre d’afficher un fringant 22 degrés dans les cuves d’eau ! Ainsi préchauffée, l’eau d’un autre circuit alimente les 20 douches de l’établissement, grâce à l’appoint de chaleur fourni par une chaudière traditionnelle au gaz.  » En moyenne annuelle, le soleil assure, à lui seul, 40 % du chauffage des douches, explique Frédéric Bisschop, conseiller en énergie à Saint-Gilles. Cela représente 5 % de la facture énergétique de la piscine, soit une économie de 4 000 euros. Si le prix du gaz reste constant, il faudra seize ans à la commune pour amortir et rentabiliser son investissement  » (1).

5 % d’économies, c’est peu ? Et seize ans, c’est long ? Peut-être. Mais le prix du gaz est à la hausse. De plus, cette installation pilote nourrit aussi une visée pédagogique. Dans la cafétéria de l’établissement, un tableau affiche, en temps réel, l’intensité du rayonnement solaire sur le toit et l’énergie économisée depuis le début de l’opération (environ 120 000 kilowattheures sur une base annuelle, à ce stade). Rien de tel, pour intriguer les visiteurs, que ces petits chiffres rouges qui changent toutes les dix secondes…  » A Saint-Gilles, peu de gens sont propriétaires de leur logement. Il serait vain de vouloir généraliser les panneaux solaires. Mais, via cet affichage, nous sensibilisons les familles à la rareté de l’énergie. Et à son coût.  »

L’opération présente un autre avantage. Depuis le succès de ce montage, d’autres idées d’amélioration énergétique, proba- blement plus rentables, fourmillent dans les esprits des gestionnaires. Exemples : chauffer partiellement l’eau de la piscine elle-même, lors des pics estivaux de chaleur (l’eau des panneaux grimpe alors à 85 degrés !). Récupérer l’air chaud ambiant. Récupérer, enfin, une partie des… 27 degrés de l’eau qui, à raison de 30 litres par nouveau nageur arrivé dans la piscine, file à l’égout en raison des lois sur l’hygiène. Un audit complet est attendu. D’une pierre, trois coups ?

Philippe Lamotte

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