Le défi vert de Paul Magnette

Vous venez de lancer le  » Printemps de l’environnement « , présenté comme un rendez-vous avec les générations futures. En quoi consiste cette initiative ?

Il s’agit d’un vaste processus de consultation et de participation de toute la population belge à propos des options à prendre par notre pays, à l’horizon 2020 et 2050, en matière de climat, d’environnement et de développement durable. Il aboutira à des engagements précis du gouvernement fédéral, avec une feuille de route.

Pourquoi une telle démarche ?

Les citoyens se montrent de plus en plus préoccupés par ces thématiques. Ils sont prêts à contribuer aux changements nécessaires. Des décisions importantes ont déjà été prises dans le passé, mais le sujet se caractérise par sa transversalité. Il faut donc impérativement mieux coordonner les décisions fédérales et régionales, approfondir les engagements et emporter l’adhésion de la société civile.

Concrètement ?

En mai et en juin, quatre ateliers thématiques seront organisés à plusieurs endroits du pays : lutte contre les changements climatiques et énergie durable, environnement et santé, modes de production et consommation durable/biodiversité et, enfin, transports et mobilité. Cent cinquante personnes y participeront, venues des gouvernements, des administrations, des ONG, des associations de consommateurs, des partenaires sociaux et des milieux scientifiques nationaux et internationaux.

Et pour le grand public ?

Son avis est attendu sur le site www.printempsdelenvironne-ment.be. Nous allons tenter la traçabilité des propositions formulées : les particuliers pourront suivre leur cheminement tout au long du processus décisionnel. Le site sera un lieu d’échange permanent.

Vous estimez qu’il faut parvenir à des consensus, au terme du Printemps. N’est-ce pas illusoire sur des thèmes parfois très controversés, où les lobbys sont rois ?

L’erreur serait de ne pas essayer. Dix fois, dans le processus de préparation, on aurait pu se décourager et laisser tomber. Nous avons tenu bon. Quel que soit le résultat, il ne sera pas perdu. Nous apprendrons de toute façon à mieux nous connaître, à nous coordonner.

Le Grenelle de l’environnement, en France, vous a manifestement inspiré…

Oui, mais nous voulons éviter l’écueil français. Plus de 300 engagements, c’est beaucoup trop, surtout lorsqu’ils sont vagues ! Cela dit, il faut être honnête avec les gens : les décisions, chez nous, ne seront pas forcément des lois. Certains sujets pourraient ne pas être tranchés d’ici à la mi-juillet. A cause d’effets budgétaires importants ou parce que le niveau européen est impliqué.

Le nucléaire, avez-vous déclaré, ne sera pas abordé. Etonnant, non ?

Il n’a pas à l’être puisque l’atelier programmé porte sur l’énergie durable. Le nucléaire n’est pas une énergie durable. Il pose des problèmes de sécurité et de déchets. Mais il interviendra forcément dans les discussions sur le  » mix  » énergétique.

Vos délais sont extrêmement courts. N’êtes-vous pas inconscient ?

C’est vrai qu’il s’agit du plus grand processus participatif, politique et décisionnel belge lié à l’environnement. Mais cela fait partie des risques et des charmes de l’opération. Rien n’est acquis. Tout est à inventer.

Les milieux agricoles et forestiers n’ont pas été invités. C’est surprenant, vu l’atelier Biodiversité…

Il s’agit de matières régionales, pas fédérales. Mais, via les normes de produits et les pesticides, par exemple, ils seront forcément associés aux discussions.

Trois personnes pour gérer tout ce processus, c’est dérisoire….

Faux ! Presque tout mon cabinet y travaille.

Propos recueillis par Philippe Lamotte

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