Le coup de jeune du Pasok

Georges Papandréou prend les rênes du Parti socialiste. Mais son modernisme et sa popularité suffiront-ils à éviter la défaite d’une formation usée par le pouvoir ?

Un homme politique qui démissionne sans y être obligé pour passer la main à un coéquipier plus jeune et placer ainsi son camp en meilleure position dans la perspective des prochaines batailles électorales : dans bien des démocraties, le scénario relèverait de la politique-fiction. C’est pourtant ce qui vient de se passer en Grèce. Le Premier ministre Costas Simitis, qui était également, depuis huit ans, chef du Pasok, le Parti socialiste grec, a annoncé début janvier sa démission, afin de donner  » un nouvel élan  » à sa formation, victime de l’usure du pouvoir. Actuel ministre des Affaires étrangères, Georges Papandréou a immédiatement annoncé sa candidature. Il succédera officiellement à Costas Simitis, le 8 février, après son élection lors d’un congrès extraordinaire du Pasok, un mois avant les élections législatives anticipées qui auront lieu le 7 mars.

A 67 ans, Costas Simitis passe la main après avoir atteint ses deux principaux objectifs : l’accession de la Grèce à l’euro et l’adhésion prochaine de Chypre à l’Union européenne. Sa décision a stupéfié l’opinion grecque, habituée à une conception patriarcale du pouvoir. Elle a aussi permis au Pasok de remonter dans les sondages. D’autant que Georges Papandréou bénéficie de 70 % d’opinions favorables dans le pays. Fils aîné du fondateur du Pasok, Andréas Papandréou, et petit-fils du dirigeant du gouvernement d’Unité nationale (1944) de l’après-guerre, Georges Papandréou, l’homme fait figure, à 51 ans, de chef de file des modernistes au sein du Pasok. Né aux Etats-Unis, il a fait ses études en Suède et à Londres. Membre du Pasok depuis le retour à la démocratie en 1974, il s’était très vite démarqué des postures populistes et démagogiques de son père. Aujourd’hui, son discours  » nouvelle gauche  » est inédit dans un pays où les clivages idéologiques et politiques demeurent très traditionnels. Il promet une  » démocratie participative « , évoque des  » pouvoirs alternatifs  » et une  » Grèce citoyenne « . Et il n’hésite pas à bousculer l’aile gauche du parti, en proposant, par exemple, que certaines universités ne soient plus gérées par l’Etat. Ni à prendre le contre-pied d’un antiaméricanisme qui reste très vivace en Grèce. Pour l’heure, les éléphants du Pasok ont décidé de faire bloc autour de lui. Ils n’ont, en réalité, pas vraiment le choix s’ils veulent avoir une chance de l’emporter lors des prochaines électionsà Mais les divisions pourraient resurgir après la bataille. Le Parti socialiste grec est traversé par plusieurs courants. Certains continuent d’y défendre une conception très étatiste du socialisme, d’autres se situent davantage dans la tradition d’un centre gauche populiste et passablement archaïque, tandis que les réformateurs flirtent avec le  » social-libéralisme « . Georges Papandréou, lui, affirme à qui veut l’entendre qu’il est un homme de concertationà

Dominique Lagarde

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