Le cinéma bleu-blanc-rouge confirme

Quelque 120 millions de spectateurs – dans et hors de France – ont vu un film français en 2002. Mais ce bon bilan est assombri par la tension montante à l’approche des nouvelles négociations de l’OMC

« Bataille » et « résistance ». Jean-Pierre Raffarin avait le verbe martial, l’autre soir à Paris, pour évoquer les prochaines négociations avec l’Organisation mondiale du commerce (OMC), et la menace potentielle qu’elles font peser sur l’avenir de la fameuse « exception culturelle ». Le Premier ministre français recevait à l’Hôtel Matignon la fine fleur du cinéma de l’hexagone et les journalistes étrangers invités par Unifrance à l’occasion de ses désormais traditionnels Rendez-Vous de janvier. L’organisme chargé de la promotion du cinéma français a pris, depuis cinq ans, l’habitude de convier à Paris des représentants de la presse mondiale pour leur montrer en primeur les derniers films terminés, leur proposer de rencontrer leurs auteurs et acteurs, les informer enfin des évolutions du marché national et international. De nombreux acheteurs venus d’un peu partout participent également à cette manifestation précieuse, où l’artistique et le commercial sont habilement balancés et où se réaffirme, d’année en année, la conviction de la cinématographie française de devoir et de pouvoir élargir son audience hors de ses frontières. Daniel Toscan du Plantier, le président d’Unifrance, ne se privait d’ailleurs pas de répéter, même à Jean-Pierre Raffarin, qu’il n’était point irréaliste d’imaginer dans un proche avenir que le nombre de spectateurs étrangers des films français représente le double du public réuni sur le territoire national.

Pour l’instant, les chiffres sont en équilibre, une soixantaine de millions de spectateurs dans le monde entier étant venus s’ajouter à la soixantaine de millions qui ont acheté un ticket pour voir un film français en France. La part de marché correspondante, sur le sol national, est d’à peu près un tiers, puisque 185 millions de billets ont étés vendus au total en 2002. La dernière année n’a pas prolongé l’effet de 2001 où la part de marché avait dépassé les 40 %. Hormis Astérix et Obélix: Mission Cléopâtre, deuxième succès français de tous les temps (derrière l’indéboulonnable Grande Vadrouille), avec ses plus de 14 millions d’entrées, aucun film n’a vraiment « cartonné » en 2002. Ceci expliquant cela…

Entre confiance et inquiétudes

Toscan du Plantier doit bien reconnaître que le marché des Etats-Unis reste « impénétrable en profondeur », mais se réjouit des progrès enregistrés en Europe centrale et orientale, la Russie étant devenue le premier client en nombre de films achetés. Le président d’Unifrance apprécie que, face au géant américain, « bien des cinématographies nationales connaissent un développement accru ». Il n’en regrette pas moins les retards pris dans la circulation et l’échange des films entre pays. Mais ses principales inquiétudes sont de deux ordres: le problème du financement privé du cinéma français (avec la crise de Canal+, jusqu’ici principal investisseur), et celui des négociations imminentes sur le commerce mondial. David Kessler, le patron du Centre national de la cinématographie (CNC) qui gère pour sa part le financement public et représente donc l’autorité de tutelle, pense sur le premier point qu' »une diversification est devenue indispensable, entre autres et surtout à l’échelon international, appelé à devenir une source de plus en plus importante de financement en amont et non plus seulement de diffusion en aval ». Quant au nouveau « round » de négociations OMC, menées « dans une pénible atmosphère de secret », Kessler dit s’attendre à « beaucoup de pressions » sur le thème de « la libéralisation des services culturels en général et audiovisuels en particulier ». Plus qu’une « attaque frontale » remettant globalement en cause toute aide publique au cinéma, il redoute « une tactique de grignotage » moins spectaculaire mais d’autant plus pernicieuse. « La détermination des pouvoirs publics reste en tout cas totale », affirme Kessler en évoquant, pour solution durable, de « donner une légalité aux aides publiques à la culture ». Avec pour base « le principe du maintien de la diversité culturelle » et dans le cadre par exemple – ainsi que l’évoquait le président Jacques Chirac – d’une institution comme l’Unesco…

Louis Danvers, (Nous reviendrons, au fur et à mesure de leur sortie chez nous, sur les films vus lo

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