Okja, du Coréen Bong Joon-ho, a connu les honneurs de la compétititon cannoise. © sdp

le cas netflix

En plaçant deux films en compétition cannoise, le mastodonte du streaming a déclenché une véritable tornade médiatique. Et continue de bousculer la sacro-sainte chronologie des médias.

Reed Hastings, le CEO de Netflix, l’a fièrement claironné cette année : le plus grand concurrent du géant du streaming US aujourd’hui, c’est… le sommeil des gens. Il est permis de trouver la formule borderline, mais elle dit bien l’importance phénoménale prise par l’incontournable entreprise californienne. Depuis 2013, on le sait, Netflix crée elle-même certains de ses contenus. Séries télé d’abord. Films ensuite. Avec cette spécificité que ces derniers sont diffusés sans jamais connaître les honneurs du grand écran (contrairement au catalogue du poids lourd du commerce en ligne Amazon, désormais gros pourvoyeur de cinéma indépendant, qui continue de respecter la chronologie des médias).

A Cannes, en mai, la polémique n’a pas manqué de faire rage entre baby-boomers et millenials, rejouant la querelle des anciens et des modernes suite à la sélection en compétition d’une paire de films estampillés Netflix : Okja du Coréen Bong Joon-ho et The Meyerowitz Stories de l’Américain Noah Baumbach, tous les deux accueillis sous les huées. En cause ? Le fait que des productions destinées à ne jamais passer par la case ciné soient bel et bien palmables. Président du jury de cette 70e édition du plus prestigieux festival au monde, Pedro Almodóvar ne s’est pas gêné pour exprimer le fond de sa pensée :  » Je ne crois pas que la Palme d’or ou n’importe quel autre prix devrait être décerné à un film qui ne sera pas vu sur un grand écran.  » Et d’ajouter :  » L’écran ne doit pas être plus petit que la chaise sur laquelle on est assis.  » Le délégué général cannois Thierry Frémaux s’est défendu en se déclarant attentif à l’évolution des modes de consommation :  » Il y a un nouveau monde qui advient, et il convient d’anticiper et de réfléchir.  » Dans la foulée, le festival n’en a pas moins fait savoir que tout film souhaitant désormais concourir en compétition devra préalablement s’engager à être distribué dans les salles françaises. Dont acte.

Acteur majeur de l’été ciné avec son Dunkirk, Christopher Nolan juge, quant à lui, la stratégie Netflix de ne pas laisser ses films vivre au cinéma  » vaine  » et  » insensée « .  » Un film est fait pour être diffusé au cinéma « , a-t-il encore asséné. Certes. Mais la liberté créative semble bien plus grande aujourd’hui chez le mastodonte du streaming aux 110 millions d’utilisateurs que du côté des gros studios hollywoodiens obnubilés par une logique bêtifiante de franchises. C’est en tout cas ce que semble penser Martin Scorsese qui livrera son prochain film The Irishman en exclusivité sur Netflix.

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