L’art, c’est forcément cher ! Faux.

Dans la catégorie  » idées reçues à la peau dure « , nous évoquons cette semaine un grand classique : l’art coûte cher ! Préjugé suranné qui éclipse l’essentiel : à l’échelle mondiale, 50 % des ouvres sont vendues à moins de 1 000 euros.

Des siècles durant, l’art n’était réservé qu’à une élite fortunée. Et pour cause… Il fallait être  » riche  » et comblé de toutes parts pour investir dans l’accessoire. On visualise très bien quelques mondains s’extasiant, pointes de snobisme dans la voix et coupe de champagne à la main, devant le  » génie  » d’un artiste contemporain auquel on ne comprend rien !

A côté de ces passionnés qui dépensent sans compter, il y a le collectionneur-spéculateur. A l’instar du premier, son budget ne semble souffrir d’aucune limite. La différence ? Peu téméraire, il regarde à long terme en achetant des valeurs sûres. Le prix importe peu. On se souvient du N° 5 de Jackson Pollock vendu, en novembre 2006, pour 107,8 millions d’euros. Plus récemment, les 21 et 22 juin, les maisons de vente Christie’s et Sotheby’s ont enregistré plus de 229 millions d’euros de vente. Champion toutes catégories, Pablo Picasso emportait sans surprise les plus belles enchères avec, en crescendo, le Buste de Françoise frappé 11,7 millions d’euros, la Jeune fille endormie partie pour 14,8 millions d’euros et la Femme assise, robe bleue adjugée à 19,8 millions d’euros.

Des montants renversants qui peuvent scandaliser ceux qui nourrissent l’espoir que, dans un monde idéal, l’art devrait être à la portée de tous. Désir pas totalement illusoire puisque, dans la réalité, deux mondes se croisent : celui des riches prédateurs qui cohabitent avec de gentils amateurs. Explication…

En dépit des apparences, ces transactions astronomiques hyper-médiatisées ne représentent qu’une infime partie du marché. Depuis quelques années, le climat financier mais surtout l’intérêt croissant du grand public pour la décoration intérieure ont favorisé l’éclosion d’un nouveau créneau : l’art discount. Parfaitement adaptées à la situation économique et aux attentes d’un public toujours plus hétéroclite, ces foires cherchent à rompre définitivement avec l’idée d’un marché de l’art élitiste et hors d’atteinte. Leur concept ? Proposer des £uvres variant de 100 à 5 000 euros. Et ça marche ! L’offre de ces salons est telle qu’avec de maigres moyens quiconque peut se constituer – à force de patience et de curiosité – une petite collection de qualité.

Dernière précision, le site de référence Artprice indique qu’approximativement 80 % du volume des transactions de l’art (tous réseaux confondus) se réalise en dessous de 5 000 euros et que 50 % des £uvres sont vendues à moins de 1 000 euros. Des chiffres qui suffisent à démonter l’assise de ce lieu commun qui voudrait inexorablement qualifier l’art d’onéreux.

La semaine prochaine

 » L’ART, C’EST FORCÉMENT DU « FAIT MAIN » ! FAUX. « 

GWENNAËLLE GRIBAUMONT

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