Les Hauts plateaux reflète «l’instabilité d’une époque où tout menace de s’effondrer». © Brice Robert

L’aire de tout

Le Vif

Les Hauts plateaux, spectacle de cirque performé et orchestré par Mathurin Bolze, évoque les ruines, le monde d’avant et celui d’après. Ce qu’il reste, et ce qu’il reste à espérer. Avec envols et rebonds. Mathurin Bolze est trampoliniste. Poète, aussi. Rencontre.

Que dire du spectacle?

Son terreau, c’est l’instabilité d’une époque où tout menace de s’effondrer. Le trampoline, c’est tomber, se relever, un défi à la gravité. J’aime son côté ludique, ses sensations, pour celui qui fait comme celui qui regarde. Les émotions sont physiques, comme dans la vie. Pour le spectacle, on a joué là-dessus.

A-t-il une dimension politique?

C’est ce qu’on peut dire après avoir créé le spectacle ou l’avoir vu. Prosaïquement, je suis parti de mes notes. J’avais fait une liste de «hauts». Haute intensité, haut potentiel… Hauts plateaux s’inscrivait en haut de page, comme un titre. Je me suis basé là-dessus, lu Le Champignon de la fin du monde, de l’anthropologue Anna Lowenhaupt Tsing, sur la possibilité de vivre sur les ruines du capitalisme, et La Supplication, de Svetlana Alexievitch, sur l’après-Tchernobyl. Je ne suis pas du genre à vouloir rajouter une louche de merde à celle qui existe. Il faut dresser un constat, et comprendre comment on peut entrevoir les choses avec légèreté.

Concrètement, que donne ce mélange politico-esthético-écologique?

Un travail moderne sur les ruines, sept artistes au plateau, des trampolines qui bougent, une échelle au plafond, une bande-son comme une narration, agencée par Camel Zekri, guitariste qui jongle entre instruments bizarroïdes et influences d’un père musicien traditionnel algérien. J’ai choisi des sons avec Jérome Fèvre, qui habillent les morceaux. Tous ces chemins se mêlent. J’ai rencontré des textes et des théories, puis des gens, qui ont influé sur la forme que je donnais à mon travail. C’est comme sur une plage, on récolte pierres, bouts de bois, plastiques, coquillages, tissus, ordures… et on bricole, alors qu’au départ, il y avait du noble autant que du moins beau. Et ce qui advient a du sens.

Les Hauts plateaux, aux Halles de Schaerbeek, du 25 au 28 octobre.

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