La science ? Du cinéma !

Une fois encore, Liège va devenir, le temps d’un festival, la ville du film de santé. Zoom

« Je suis un £il. Ou un foie. Ou un instrument. Ou un geste. Ou un animal. Ou un matériau, ancien ou nouveau. Ou une plante. Ou une molécule. Je suis sur terre ou dans les airs ou dans l’espace…. Je suis, je suis… Ouuui ! Je suis le héros d’un film scientifique ou de santé « , dirait l’animateur d’un célèbre jeu de la télévision française. Pour découvrir certaines de ces stars hors normes, mais généralement pas cabots pour un sou, du 13 au 18 mars, Liège se met aux couleurs du Festival international du film de santé. Au programme : expositions, conférences et films spécialisés ou d’éducation à la santé (120 productions sont en compétition). Mais, aussi, retransmission d’interventions en direct depuis les salles d’op du CHU (1). Bref, plein d’images, tout de même pas tout à fait comme les autres.

A priori, pas de raison de s’enthousiasmer à l’idée d’une vidéo qui permet à un chirurgien de montrer à ses étudiants un nouveau geste chirurgical ou d’en faire profiter des confrères lors de colloques.  » Pourtant, assure Pierre Jamart, responsable du Labo vidéo du CHU de Liège, où il travaille depuis 1978, le sujet peut bel et bien être passionnant.  » Mais, pour le traiter, les moyens ne sont pas toujours les mêmes. Ainsi, l’université d’Amsterdam abrite le plus grand centre européen dédié à ce type de films et emploie une cinquantaine de personnes. Au Centre hospitalier universitaire de Liège, Pierre Jamart est seul, lui, pour répondre aux besoins des scientifiques, des professeurs, des médecins et des spécialistes qui savent qu’avec des images leur message sera plus clair et plus facile à faire passer.

 » Pour bien filmer du médical, il faut, par exemple, avoir compris la technique que le praticien veut présenter, avoir saisi l’amélioration qu’elle apporte, les subtilités de son usage, constate-t-il. Il devient alors plus facile de traduire, en images, les spécificités, les progrès, les nouveautés.  » Dans cette optique, même des trous de narine deviennent passionnants, assure le réalisateur, pour peu qu’on y passe un endoscope qui révélera des images inédites du nez ou de la gorge.

Parfois aussi, au-delà de la présentation d’une  » technique médicale « , le film de santé éduque ou fait vibrer un plus large public. Ainsi, dans son reportage Quatre, deux, un, le réalisateur liégeois a suivi, à l’hôpital 115 d’Hô Chi Minh-Ville, 4 couples de Vietnamiens donneurs et receveurs d’un greffon rénal, deux équipes médicales (une liégeoise, une vietnamienne) et la formation que l’une dispensait à l’autre. Ce reportage, qui mêle médecine et solidarité, a déjà été récompensé deux fois, lors des festivals internationaux de films médicaux de Badajoz (Espagne) et de Cordoba (Argentine). Projeté le 17, il passera entre un document cubain sur un médicament appelé HR3 et destiné à des patients atteints de tumeurs malignes et une émission de C’est pas sorcier sur la conservation des aliments et les micro-organismes qui peuplent ces derniers. Apprendre par le plaisir des images : les frères Lumière ne renieraient pas leurs héritiers en pleine… santé.

(1) www.imagesante.be ou 04 254 97 97.

Pascale Gruber

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