La révolte des laïques

Ils accusent le gouvernement de vouloir imposer la religion comme nouvelle matière scolaire

Ici c’est contre le voile des bonnes s£urs qu’il faut se battre !  » Carmen ne décolère pas :  » Nous vivons dans un Etat non confessionnel. Pourquoi mes enfants seraient-ils obligés de suivre des cours de religion dans une école publique ?  » Mère de famille de la banlieue de Madrid, elle est de ces parents espagnols qui appelleront à l' » objection de conscience  » à la rentrée prochaine. L’inscription au programme scolaire d’une nouvelle matière intitulée  » société, culture et religion  » mobilise les militants de la laïcité, qui ont présenté un recours devant le Tribunal suprême : le fait que 70 % des élèves du public assistent à des cours de religion ne doit impliquer aucune obligation pour les autres, revendiquent-ils.

 » Jusqu’ici, la religion était une simple option, qui n’intervenait pas dans l’évaluation de l’élève. En septembre, elle deviendra obligatoire, explique Maite Pina, présidente de la Ceapa, la plus importante confédération d’associations de parents d’élèves, qui accuse le gouvernement de légiférer dans le seul intérêt de l’Eglise catholique. Cela signifie que les notes de religion vont compter dans l’évaluation du niveau scolaire d’un élève pour décider d’un redoublement ou d’une attribution de bourse, et vont entrer dans sa moyenne pour le dossier de sélection à l’entrée de l’université… Nous revenons au national-catholicisme de Franco.  »

Une accusation infondée, selon le ministère de l’Education, qui rappelle que cette nouvelle matière se présente en deux versions : confessionnelle ou non confessionnelle. Il suffira aux parents de cocher la bonne case à l’inscription, au début de l’année. C’est là que le bât blesse aux yeux des partisans de la laïcité : ils rappellent qu’il est inconstitutionnel de demander aux citoyens de déclarer leur religion et mettent en doute la neutralité de l’option non confessionnelle, dont le programme est  » clairement imprégné de préjugés « , selon Maite Pina.  » S’il s’agit réellement d’enseigner l’importance de la religion dans l’histoire de l’art, l’évolution des sciences ou de la littérature, très bien, dit-elle. Mais qu’on le fasse dans les cours correspondants, sans en faire une matière à part… Plus de huit cents heures au total, de l’école primaire au bac, cela me paraît abusif. Mieux vaudrait laisser plus de place à l’éducation artistique.  »

Cécile Thibaud

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire