Garder l’écorce et repenser l’intérieur. Après deux ans de travaux et des millions d’euros et de gouttes de sueur, l’Atomium est ressuscité
D’une main, l’homme montre un billet de 20 francs belges à des touristes. Le chef-d’£uvre mythique du xxe siècle y est reproduit. Dans l’autre, il tend une photo : il pose, jeune marié devant l’Atomium… Le Bruxellois a admiré le géant d’acier à peine craché des entrailles de la terre. Yeux exorbités. Du haut de ses dix ans, en 1958. Ce soir, c’est sous la pluie qu’il contemple le monument illuminé. A l’intérieur, officiels et people trinquent à sa restauration.
L’homme a aussi connu l’Atomium en péril, rongé par la rouille, investi par l’eau, la mousse et la fiente de pigeon. Puis fermé. Ensuite désarticulé. Le voici flambant neuf, majestueux. Retour sur vingt-deux mois de chantier.
L’extérieur, d’abord. L’immense squelette d’acier a été sablé, renforcé et repeint dans sa couleur d’origine. La » peau » de chaque boule, constituée de 720 panneaux en aluminium, a été remplacée par 48 panneaux en acier inoxydable. Le Plexiglas griffé et quasi opaque, par du vitrage. De nouveaux escalators ont été installés. L’éclairage extérieur et intérieur, très futuriste, a été confié à l’Allemand Ingo Maurer.
L’intérieur, ensuite. On pénètre dans l’édifice comme par le passé via la galette vitrée du rez-de-chaussée, logée sous la sphère de base. Elle est le lieu de l’exposition permanente consacrée aux années 1950. Le visiteur emprunte ensuite un premier escalator à la découverte de l’art contemporain et du design, dans la boule des expositions temporaires. Le temps de s’imprégner, dans l’obscurité, de l’art de Jean-Luc Moerman, un deuxième tapis roulant, long et cylindrique, emporte le visiteur vers la sphère centrale. Elle abrite la salle André Waterkeyn, le concepteur du monument, et un bar plutôt convivial.
Puis l’ascenseur rapide, au plafond de verre, file vers les sommets. La boule supérieure, dotée d’écrans interactifs, offre, comme en 1958, un panorama à 360 degrés sur la ville. Tout là-haut, à 102 mètres, un restaurant proposera bientôt des plats traditionnels. Mais sans frite, pour des raisons de sécurité.
En redescendant vers la terre ferme, on traverse la bulle des enfants, imaginée par l’Espagnole Alicia Framis. Dès la rentrée scolaire 2006, seuls les petits – les veinards ! – pourront y passer une nuit dans de grands cocons suspendus.
S’il faudra patienter quelques mois pour découvrir toutes les nouveautés de l’Atomium (le nouveau pavillon d’accueil, entre autres), ne boudons pas dès à présent ce bonheur. » Je suis né en 1967, à une époque où l’on pensait que tout le monde marcherait un jour sur la Lune. L’Atomium nage dans cet univers « , raconte Moerman. Trente ans plus tard, l’ouvrage reste le témoin des rêves et des conquêtes des hommes. Le Bruxellois croisé au hasard, lui, remballe billet et photo. Il jette un dernier regard vers le géant naguère blessé, aujourd’hui merveilleusement guéri. Dès le 18 février, l’atome de fer appartiendra désormais au grand public…
Soraya Ghali
www.atomium.be
Soraya Ghali