La beauté mystique photographiée dans les rues d'Istanbul. © Philippe Herbet

La prière du coeur

Au début de l’année, nous évoquions le travail de Philippe Herbet (1964). Exposé du côté de la Châtaigneraie, à Flémalle, le photographe belge invitait à marcher sur les pas d’ Albert Dadas, premier individu diagnostiqué de la folie du fugueur, symptôme connu également sous le nom d' »automatisme ambulatoire ». Pas étonnant qu’Herbet s’intéresse à ce marcheur compulsif dans lequel il voit peut-être un alter ego.

Envie de poursuivre le voyage? Herbet s’est remis en route, une autre boussole à la main, ou plutôt un livre, Les Récits d’un pèlerin russe, ouvrage qu’il nous présente comme déroulant « l’errance d’un pèlerin dans les campagnes de la Russie profonde, projetant d’aller à Jérusalem ». Particularité du périple? Le pèlerin en question avance en récitant la célèbre « prière du coeur » qui consiste en un poignant verset, égrené au rythme de la marche et de la respiration: « Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi, pécheur. » Le rituel n’a pas manqué de féconder l’imaginaire du photographe itinérant. « J’ai débuté ce nouveau projet par Istanbul, là où se croisent plusieurs religions et point de passage entre la mystique chrétienne orientale et islamique, raconte-t-il. Durant un mois, muni d’un chapelet à nonante-neuf grains et de mon appareil photo, j’ai erré dans les rues de la Sublime Porte en récitant discrètement, tour à tour, la prière du coeur orthodoxe et celle des musulmans. J’ai fréquenté les lieux de culte: églises arméniennes et orthodoxes, tekkes et mosquées. Des heures et des heures de marche en ville en photographiant à la fois la beauté mystique et ce qui interrogeait mon regard, voire ce qui pouvait me choquer. » Le résultat invite au silence et au recueillement.

A la galerie Jacques Cerami, à Charleroi, jusqu’au 23 avril.

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