La politique, C’EST CHIC

Myriam Leroy
Myriam Leroy Journaliste, chroniqueuse, écrivain

Le sujet le plus sexy du moment en matière de séries télé est le pouvoir, même dans ce qu’il peut avoir d’ordinaire et de normal.

Sans doute faut-il s’en réjouir. Après s’être intéressées au destin des mannequins, des ados friqués, des losers pas du tout magnifiques, des mères de famille oisives (…), les séries télé se penchent désormais massivement sur les hommes et les femmes politiques. Même les Français s’y sont mis, avec Les Hommes de l’ombre (France 2), c’est dire le potentiel porteur du sujet.

Bien sûr, l’intérêt de la télé pour les arcanes du pouvoir ne date pas d’hier. Depuis un bout de temps, les auteurs et les producteurs ont compris que les cabinets ministériels et bureaux ovales n’étaient pas seulement des lieux de décision mais aussi de stratégie, de combat et de luxure. Et que, comme toutes les célébrités, les politiques fascinent le citoyen lambda, qui est loin d’imaginer leur vie telle qu’elle est.

A la maison blanche (1999-2006) a ainsi été la première série américaine majeure à déployer son intrigue dans les coulisses de la présidence américaine, avec le succès que l’on sait. Deux ans plus tard, Jack Bauer donnait du  » Yes Sir  » au premier Président noir de l’Histoire, David Palmer. 24 heures chrono faisait le grand écart entre action musclée et couloirs feutrés où se jouent les relations entre Etats, et prouvait au public de la Fox, pourtant pas le plus intello, que la politique pouvait se montrer aussi exaltante que les low-kick balayettes.

Actuellement en cours, la Danoise The Killing constitue également une série hybride, un cocktail subtilement dosé qui se partage entre rues et administrations d’une ville. La série la plus intéressante du moment est aussi une Danoise, qui se concentre elle exclusivement sur l’envers du pouvoir. Borgen, dont la deuxième saison (disponible en DVD), qui vient d’écouler sa dizaine d’épisodes sur Arte, met en scène une femme Premier Ministre, ses idéaux, et ses compromis avec la réalité. Réconciliant public et critique, elle déploiera son 3e volet en janvier au Danemark. Une femme aussi, à la tête de Veep, où Julia Louis-Dreyfus devient vice-présidente des Etats-Unis. Elle a plu et a été renouvelée pour un second mandat sur HBO. Le public n’a en revanche pas adhéré à Boss, le bijou de Starz, qui a été annulé il y a quelques semaines. Il se dit qu’un film viendrait clôturer une intrigue menée de main de maître durant deux saisons, au cours desquelles le maire de Chicago a perdu la boule tout en s’accrochant au pouvoir. Pour le coup ce sont les téléspectateurs qui l’ont perdue, la tête, en ne lui faisant pas un triomphe. Les voies des Seigneurs sont impénétrables…

MYRIAM LEROY

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