Interrogés, les experts confirment notamment qu'il n'y a pas de consensus sur la nécessité de tests généralisés. © belgaimage

La grande confusion

L’augmentation du nombre de tests peut expliquer, en partie, celle du nombre de contaminations cet été. Faut-il dès lors oui ou non généraliser les dépistages pour éviter une deuxième vague d’infections à grande échelle ? En serait-on capable ? Pour quel testing précisément ? Pour qui ? Les experts ne s’accordent pas. Là non plus.

Un million 728 mille 283. C’était, en date du 4 août, selon Sciensano, l’Institut scientifique de santé publique, le nombre de dépistages du coronavirus, par prélèvements de muqueuses dans le nez et le larynx, effectués entre début mars et le 3 août par le réseau des laboratoires et la plateforme nationale de tests en Belgique. En tenant compte des 436 779 testings réalisés depuis le 10 avril dans les maisons de repos. Et sachant que  » les données des 48 dernières heures doivent encore être consolidées. Quant aux données des autres jours, elles peuvent encore être complétées par des données de laboratoires qui déclareraient rétroactivement.  »

Le communiqué de Sciensano annonçait aussi que la barre des 70 000 cas belges de Covid-19 confirmés était dépassée (70 314). L’Institut précisait encore que, la dernière semaine de juillet, le nombre moyen d’infections avait progressé de 60 % par rapport à la semaine précédente. Et que le nombre de tests avait augmenté de 52 %. Ceci expliquant, au moins partiellement, cela. Clairement dit : plus on teste, plus on enregistre de cas. Et plus vite on peut prendre les mesures, individuelles ou collectives, pour éviter d’avoir à hospitaliser à tour de bras, comme au printemps dernier, et à constater des décès en masse (9 850, en date du 3 août et depuis mars).

La parole des scientifiques a évolué au fil des mois, des semaines voire des jours. Les uns contredisant les autres, ou se contredisant eux-mêmes.

Ah, ces dépistages ! A la mi-mars, au début du confinement généralisé, le gouvernement avait annoncé qu’on y procéderait à raison de 60 000 par jour, peut-être même 100 000.

Or, comme l’affirme, furibond, Frédéric Cotton, chef de service de chimie médicale du Laboratoire universitaire de Bruxelles (LHUB-ULB), dans les pages qui suivent, on n’en a réalisé que 15 000, quotidiens,  » au meilleur moment « . Pourquoi ne parvient-on pas chez nous à les généraliser ? Faut-il d’ailleurs les généraliser ou les réserver à certaines franges de la population ? Pourquoi ces retards dans la communication de leurs résultats ? Quel type de tests devraient être privilégiés, en étant rapides, récurrents, fiables, remboursés ? Y a-t-il un risque de pénurie pour l’automne ?

Dans notre dossier, plusieurs experts répondent aux différentes questions que chacun est en droit de se poser, plus que jamais. Ils confirment notamment qu’il n’y a pas de consensus sur la nécessité de testings généralisés, certains le déplorant, parce que, pour citer l’un d’entre eux,  » si on ne pratique pas de tests massifs, on va perdre le fil des transmissions : au lieu d’être cantonnée, la pandémie va se généraliser et en septembre, on risque de se retrouver dans la même situation qu’en mars « .

Les avis opposés de ces experts illustrent aussi une autre réalité, que nous abordons également : face au caractère inédit de la crise, face à ce virus inconnu, la parole des scientifiques a évolué au fil des mois, des semaines voire des jours.Les uns contredisant les autres, ou se contredisant eux-mêmes. Ainsi en a-t-il été, entre autres, du port du masque, des populations à risque et de l’ampleur de la bulle sociale. En plus, donc, aujourd’hui encore, de l’efficacité des tests ou de leur systématisation.

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