La déception se soigne…

Rester avec soi-même déçoit, avec les autres aussi. Que faire?

JG (Bruxelles)

On peut considérer ce problème d’un point de vue psychologique. On dira alors que certains ont des difficultés tant à s’accepter eux-mêmes que les autres. Sans doute, ce sentiment peut avoir des raisons objectives: on a trop présumé de ses moyens, trop attendu de son entourage. Reste comme une prédisposition à un pessimisme de vie qui (dé)colore l’existence … jusqu’au pire.

On peut aborder la question par un autre bout, ne serait-ce que pour se donner l’espoir d’en réchapper. Comprendre l’idée de déception au-delà de sa référence psychique (ou simplement d’humeur) permettrait une réponse rationnelle plus facile à jauger qu’un traitement psychologique.

La déception exprime le sentiment d’avoir vécu d’illusions … sur ses propres capacités ou sur l’attention qu’autrui est censé nous porter. Elle fonctionne, d’une part, sur la tendance commune à imaginer que hier se répétera demain et, d’autre part, sur une mauvaise foi (inconsciente?) qui privilégie telle expérience du passé sur telle autre. Si nous avons réussi certaines choses, nous sommes enclins à espérer une même réussite pour d’autres projets, oubliant les échecs antérieurs. Semblablement, les rapports d’amitié et de confiance n’appellent-ils pas une réciprocité? Là aussi, nous perdons de vue les expériences décevantes.

En d’autres termes, nous avons du mal à penser en termes critiques tant nos propres capacités que la nature des liens interpersonnels. Nous confions à l’humeur le soin de nous guider, là où il faudrait s’en tenir à une évaluation raisonnable de nos moyens et des obligations que les autres auraient à notre égard.

La première chose à faire est de se constituer une mémoire non sélective. Ce n’est pas facile. C’est fastidieux et à recommencer toujours. Il y a en nous comme un démon malicieux qui s’échine, dans un premier temps, à décliner le passé sur un mode plaisant et à souligner l’évidence d’une réciprocité qui nous est due. C’est le même qui, avec les premiers échecs, nous inspire un pessimisme outrancier en ce qui nous concerne et dans nos rapports à autrui.

Il faut donc le mettre à la porte! Apprendre, d’une part, à évaluer l’état qui est le nôtre sans excès d’enthousiasme ou de dénigrement et, d’autre part, à reconnaître à chacun le droit de penser d’abord à soi. A prendre ce qui peut vraiment faire de l’autre son débiteur obligé.

Certes, le coeur est tenu en laisse, mais la raison y gagne. Est-ce la plus mauvaise des solutions?

Jean Nousse,

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