La conquête du dimanche

Près de la moitié des quotidiens franco- phones paraissent désormais sept jours sur sept. Comme à une époque qu’on croyait révolue

Seuls les aînés s’en souviennent. Jusqu’en 1958, le facteur passait aussi le dimanche et les journaux quotidiens l’étaient sept jours sur sept. La fin des tournées dominicales sonna celle du tandem journal-croissant. Seuls subsistèrent û un temps û quelques éditions sportives vendues à la criée et un hebdo du septième jour changeant de titre au gré de ses propriétaires successifs. Dimanche Matin, dernier en date, est mort en septembre 1999. Mais voilà que la roue de l’histoire fait mine de repartir dans l’autre sens : outre le toutes-boîtes Vlan, 7 des 16 titres de la presse quotidienne francophone sacrifient à présent le repos dominical et s’installent, avec des bonheurs variables, dans les librairies, boulangeries et épiceries accessibles le dimanche.

La Dernière Heure/Les Sports (IPM) avait ouvert le bal en juin 2000 à la faveur de l’Euro de football. Une réussite commerciale. S’appuyant sur plus de 2 000 points de distri- bution, le quotidien vend quelque 33 000 exemplai- res le dimanche, pour 60 000 environ (hors abonnement) chaque jour de la semaine. Sud Presse (Rossel) avait riposté trois ans plus tard en lançant La Gazette des Sports. Depuis le 2 mai, celle-ci a fait place aux éditions dominicales de La Meuse à Liège , de La Capitale à Bruxelles et de La Nouvelle Gazette à Charleroi.  » Il devenait aberrant que nos lecteurs n’aient pas leur journal le jour où ils ont le plus le temps de le lire « , souligne Didier Hamann, rédacteur en chef de Sud Presse. L’opéra- tion fut possible grâce au récent rapprochement entre ces titres et les éditions belges de Nord-Eclair. Paraissant déjà le dimanche, celles-ci partagent désormais un bon nombre de pages magazine avec leurs cousins belges. Un rédacteur a été engagé, mais l’Association des journalistes professionnels fait la grimace :  » Les journalistes travaillent davantage, pour la même rémuné- ration, et sans effectifs vraiment augmentés.  »

Dans la conquête du dimanche, les Flamands s’illustrent aussi avec le gratuit De Zondag (Roularta) et le quotidien Het Nieuwsblad (VUM). Le groupe Vers l’Avenir est donc le seul francophone à rester au lit.  » Notre territoire, en grande partie rural, se prête moins bien à une distribution dominicale, explique Jean-Claude Fyon, directeur de la publication. Mais, avant l’été, nous étofferons encore notre offre du samedi.  » Aux lecteurs d’en garder un peu sous le coude pour le lendemain…

Jean-François Dumont

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