La BD dans le sang

Il n’y a plus d’actionnaires de la famille Dupuis aux éditions du même nom. Mais la passion de la bande dessinée continue d’animer certains de ses membres.

de la bande dessinée continue d’animer

certains de ses membres.

Un peu comme Obélix, Antoine Dupuis est tombé dedans quand il était petit : la bande dessinée, il y baigne depuis son enfance. Difficile de faire autrement avec un grand-père tel que Charles Dupuis, animateur du Journal de Spirou depuis sa création, en 1938.  » Je me rappelle d’une visite que nous avions rendue, lui et moi, à Peyo, le créateur des Schtroumpfs. Il m’avait affublé d’un énorme bonnet et de grandes mains de Schtroumpfs. Charles, c’était le grand-père dont tous les enfants rêvent : drôle et doté d’un grand sens de la dérision. Un vrai personnage.  »

Si c’est l’humour qui a fait la marque de fabrique de Spirou, c’est pourtant par une tragédie que commence l’histoire des éditions Dupuis. En 1877, à l’âge de 2 ans, Jean Dupuis perd sa mère. Désespéré, son père Adolphe quitte la Belgique pour tenter sa chance aux Etats-Unis et confie le petit Jean à ses tantes de Marcinelle. Jean quitte l’école à 12 ans, devient apprenti pâtissier, puis apprenti imprimeur. A 23 ans, il investit toutes ses économies dans l’achat d’une petite presse à pédale qu’il installe dans la maison familiale, sur la route de Philippeville.

L’outil va bouleverser son existence et celle de ses descendants. Imprimant surtout, au départ, des étiquettes pour les pharmaciens, les médecins et les commerçants, Jean Dupuis lance son propre magazine au début des années 1920, Les Bonnes Soirées, qui deviendra Bonnes Soirées, puis Bonne Soirée, destiné au lectorat féminin. D’imprimeur, il devient éditeur et il pourra compter sur ses fils, Charles et Paul, et sur son beau-fils d’origine néerlando-écossaise, René Matthews, pour développer l’entreprise familiale dans cette voie.

Deux ans plus tard, le sexe fort dispose, lui aussi, de son hebdomadaire, Le Moustique, rebaptisé plus tard Télémoustique et dont l’équivalent néerlandophone, Humoradio, puis Humo, existe toujours aujourd’hui. Quant aux enfants, inondés jusque-là de bandes dessinées américaines à la morale parfois douteuse, ils méritent bien leur magazine : Spirou, où se développeront bientôt les talents de  » l’école de Marcinelle  » (lire en page 92).  » La génération suivante, celle de mon père, a développé les droits dérivés, le merchandising, l’audiovisuel et l’internationalisation des personnages de la maison « , explique Antoine Dupuis. En 1986, Albert Frère rafle la mise avant de céder les éditions Dupuis, huit ans plus tard, au groupe français Média-Participations.

Cela n’a pas empêché Antoine Dupuis de se faire un nom dans la BD : à 30 ans, il est à la tête de sa propre société, active dans la bande dessinée personnalisée.  » Je crois que j’ai ça dans le sang. « 

E. S.

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