Juillet sous Aulne

Dans une abbaye cistercienne en ruine au bord de la Sambre, lorsqu’elle serpente entre Maubeuge et Thuin, se love le festival musical d’Aulne. Tradition et ouverture.

Le festival ne peut se dissocier de son cadre. Ogives en toile de fond, odeur d’herbe coupée. Dans le parc, après les concerts, on discute Bach et fanfare, jambon du pays et bière d’abbaye autour des musiciens.  » C’est aussi cela l’esprit du Juillet musical d’Aulne « , poétise Christian Daubie, président de la manifestation.  » Un cadre monastique, de vieilles pierres exhalant des ondes de douceur, de tranquillité, dans la torpeur de l’été qui commence. Notre public vient à Aulne pour retrouver cette quiétude en partageant nos rendez-vous musicaux. « 

Sur fond de ruines, les prestations artistiques occupent les endroits préservés ou restaurés du complexe abbatial saccagé à la Révolution française. Ainsi de la  » Carrosserie  » qui sert de brasserie pour rassasier le public et, occasionnellement, de site de concert. Le 10 juillet, on y attend le duo Dupuy (cymbalum) et Thalassa (violon) pour un décoiffant programme tsigane.  » Carrosserie, parce que c’est là qu’étaient entreposés les carrosses servant aux dignitaires de l’abbaye.  »  » Oui des carrosses ! Ce n’est pas pour rien que les gens du coin l’appelaient Aulne-la-riche « , sourit Christian Daubie.  » Ce faste irritait les habitants du hameau et ils n’ont pas hésité à dépecer l’abbaye avant même l’arrivée des troupes révolutionnaires. « 

L’église de l’abbaye constitue le site de concert principal. De prime abord, le dispositif s’avère un brin déroutant : une scène surélevée dans le ch£ur et, dans les nefs latérales, des écrans pour bien voir le spectacle malgré l’obstacle des colonnes.  » Les artistes eux-mêmes ont réclamé cette mise en surplomb de la scène « , insiste le président.  » D’après nos experts, l’acoustique n’en est que meilleure, surtout avec les faux plafonds que nous avons disposés.  » D’ailleurs, de mémoire de festivalier, cette scène a vécu des moments incomparables.  » Ah, ce récital du pianiste Nikita Magalov : proprement surréel !  » s’éblouit Daubie. Sans oublier la volonté d’ouverture, même si c’est très mode aujourd’hui : les pierres restent tout imprégnées de l’harmonica de Mister Toots Thielemans.

Concert promenade

La programmation 2011 (*) maintient cette ouverture avec la prestation attendue de l’ensemble Soledad. Ça devrait piazzoler sec, ce 2 juillet. Dans le même esprit, le concert promenade du dernier dimanche (10/07) cartonne chaque année :  » Imaginez-vous, 500 personnes qui se baladent d’un site à l’autre, pour trois concerts répétés trois fois dans l’après-midi…  » Pour savourer notamment les accents Klezmer du quatuor Krupnik.  » Mais notre vocation reste le classique « , rappelle Daubie. Dès notre premier concert, nous fêtons à notre façon un lauréat du concours Reine Elisabeth. Ce sera cette année la magnifique soprano russe Elena Galitskaya. Plein d’autres rendez-vous à cocher : la soirée Lisztomania, avec Roberto Giordano au piano qui alignera les deux concertos du compositeur hongrois. On retrouve aussi des habitués : le trio Bogaerts, Hallynck, Vanden Eynde ou l’Orchestre de chambre de Wallonie, sous la houlette du violoniste Augustin Dumay. Cette année, il interprétera une rareté : le concerto pour violon et piano de Mendelssohn. Au clavier, Dominique Cornil, une des responsables du festival.  » Oui, Dumay nous aime bien « , ponctue le président. Pas que lui, m’sieur Daubie, pas que lui !

(*) Renseignements et programme sur le site www.j-m-a.be

PHILIPPE MARION

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