» J’ai beaucoup menti « 

Le président Stéphane Goux veut en savoir plus sur la nouvelle version de Marc Dutroux concernant la date de la mort de Julie et de Melissa. Etaient-elles déjà décédées à sa sortie de prison, en mars 1996, comme il l’affirme aujourd’hui ? Selon ses déclarations antérieures, confirmées par Michelle Martin, à qui il téléphonait sans cesse, il aurait trouvé Julie agonisante, Melissa ayant encore survécu quatre jours. Il s’est alors rendu à la pharmacie de garde – fait avéré – pour acheter du fortifiant à injecter en intramusculaire.

Me Xavier Magnée, l’un des avocats :  » Dutroux a déclaré que c’était pour lui. D’ailleurs, il reste quatre ampoules non utilisées….  »

Marc Dutroux :  » J’ai arrêté de les prendre quand j’ai vu que ça ne donnait pas de coup de fouet. Et comme je n’aime pas les piqûres…  »

Jean-Denis Lejeune :  » Il y avait pour deux mois de nourriture et de boisson…  »

Marc Dutroux :  » C’est Martin qui a parlé de deux mois. Moi, j’avais laissé pour un mois de nourriture, sachant que j’allais devoir retourner en prison « .

Michelle Martin :  » Il m’a dit qu’il avait laissé pour deux mois…  »

L’avocat général Jean-Baptiste Andries, parlant d’un épisode postérieur :  » Les cinq sacs de nourriture dont vous parlez, c’est bien abstrait !  »

Michelle Martin :  » Cette nourriture, je ne l’ai jamais vue, puisque je ne suis jamais entrée dans la cache. C’est lui qui a dit deux mois de nourriture. Je n’avais pas été chargée de les acheter « .

Marc Dutroux :  » C’est Madame Martin qui fait les achats de nourriture à la maison, pas moi. Elle devait y aller tous les deux jours au moins. J’avais laissé de la nourriture sèche, qui n’était pas prévue pour être mangée tous les jours. Il faut donner du pain tous les jours. On n’abandonne pas ainsi des enfants…  »

Stéphane Goux :  » Qu’avez-vous mis dans les sacs que vous avez apportés ? »

Michelle Martin :  » J’étais chez ma mère, j’ai vidé les armoires et acheté des produits sous vide, des biscuits secs, de tout, Monsieur le président, du lait, de l’eau…  »

Stéphane Goux :  » En quelle quantité ? »

Michelle Martin :  » Je ne sais pas . »

Marc Dutroux reprend :  » Il n’y avait pas de sacs dans la cache. J’ai menti pour protéger ma femme…  »

Michelle Martin appelle son avocat au téléphone. Jean-Denis Lejeune, absorbé dans ses papiers, relève la tête :  » Le juge Langlois a-t-il demandé à un spécialiste quel pouvait être l’état psychologique de petites filles au bout d’une semaine, de deux semaines, d’un mois de séquestration ? »

Langlois, raide :  » Non, je ne l’ai pas demandé. On savait ce qu’était le conditionnement qu’il infligeait à ses victimes.  »

Stéphane Goux, apaisant :  » Quand Sabine Dardenne et Laetitia Delhez viendront, on aura des précisions.  »

Jacques Langlois :  » L’autopsie a révélé un état de cachexie et de déshydratation, des escarres importantes, plus chez l’une que chez l’autre, témoignant d’un grabatarisme prolongé. Elles ont connu une lente agonie. Elles avaient de moins en moins besoin de se nourrir et de boire.  » On parle odeurs. Odeurs que jamais Michelle n’évoque dans ses déclarations, lorsqu’elle prétend avoir voulu apporter de la nourriture aux enfants. Jacques Langlois :  » On considère qu’il aurait fallu laisser 15 seaux hygiéniques pour la durée du ôséjour » dans la cache.  »

 » Marc Dutroux dit en avoir laissé quatre. Quand il est descendu dans la cache, il y avait des excréments partout, l’urine coulait à travers les matelas, il y en avait dans les bouteilles… Ces déclarations ne sont pas en contradiction avec le rapport des experts légistes.  »

Xavier Magnée, l’un des avocats de Dutroux :  » Pourrait-on demander s’il maintient ses propos ? ».

Marc Dutroux :  » J’ai beaucoup menti. Quand on parle de Sabine Dardenne et de Laetitia Delhez, elles n’ont pas vécu ce qui a été imposé à Julie et Melissa… C’était évidemment malpropre. Les deux jeunes filles étaient mortes. Un cadavre sentait beaucoup plus fort que l’autre, puisque Julie est morte avant Melissa.  »

Jacques Langlois prend acte :  » C’est une nouvelle déclaration.  »

Jean-Denis Lejeune insiste :  » Comment Michelle Martin n’a-t-elle pas remarqué les odeurs ? »

Jacques Langlois, las :  » Elle n’a jamais évoqué ce problème lors de ses auditions.  »

Michelle Martin :  » Je ne m’en souviens pas.  »

M.-C.R.

Marie-Cécile Royen

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