Ixelles La nature remercie les tours

Le quartier européen abrite des joyaux insoupçonnés. Comme cet immeuble d’habitation qui offre une vue époustouflante sur la capitale. A vos jumelles.

Jo Jacoby

La vue est imprenable. De jour comme de nuit. Du haut du dernier étage de la résidence Léopold, Leo Van Broeck peut contempler à l’envi les lumières scintillantes de la ville et les couleurs changeantes du ciel bruxellois. Par temps clair, il lui est même arrivé de photographier le skyline de la métropole… anversoise, pourtant distante, à vol d’oiseau, de 50 kilomètres !

 » Cet immeuble précurseur est à lui seul, depuis septante ans déjà, un plaidoyer pour la hauteur et la densité, commente l’architecte et enseignant à la KULeuven. Au fil des projets et des réflexions, je suis devenu un partisan inconditionnel des tours d’habitation. Un seul immeuble comme celui-ci équivaut à cinq hectares de fermettes en termes d’habitat. Et on ne sait que trop combien l’espace – l’air même – nous manque ; mais on n’arrête pas de projeter des lotissements à tour de bras. En Belgique, on étale l’habitat comme du beurre frigo-tartinable. « 

Dans le droit fil de cette réflexion longuement mûrie, l’architecte entreprend, dès 1997, la rénovation de la résidence Léopold, bâtiment élancé construit en 1937 par Jean-Jules Eggericx et Raphaël Verwilghen. Soixante ans après sa construction, l’immeuble méritait un bon ravalement de façade. Châssis rouillés, volets cassés, joints endommagés… Un grand coup de balai lui rend sa fraîcheur d’antan. L’architecte n’imagine pourtant pas à l’époque qu’il deviendra propriétaire de l’appartement de 150 mètres carrés situé tout en haut de la tour, au 14e étage.

 » Quand on m’a dit, voici trois ans, qu’il était en vente, j’ai aussitôt sauté sur l’occasion.  » La rénovation intérieure, entamée depuis, respecte le cachet du bâtiment. La mosaïque bleu turquoise qui tapisse la salle de bains est réparée. Les châssis en acier, classés, sont d’origine. Idem pour la cuisine Cubex , ancêtre belge des meubles en kit, dont le design est signé Louis Herman De Koninck.

L’immeuble se présente comme une ville miniature construite verticalement. Avec des bureaux au premier étage et 60 appartements de superficie variable (de 60 à 160 mètres carrés). C’est ainsi que Leo Van Broeck conçoit l’architecture de demain :  » En construisant en hauteur, on peut libérer de l’espace au profit de la nature. « 

Les habitants de la résidence ne partagent peut-être pas toutes les convictions de l’architecte, mais ils ont tout de même pris la décision d’occuper une tour urbaine. Sont-ils des précurseurs ? En tous les cas, pour Leo Van Broeck, les mentalités, habituellement frileuses face à ce type de construction, doivent évoluer. Et adopter la tour.

Jo Jacoby

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