Investisseurs cherchent entrepreneurs

Vincent Genot
Vincent Genot Rédacteur en chef adjoint Newsroom

Evénement incontournable des années dotcoms, le First Tuesday tente un retour en force. Pour ce faire, la rencontre du  » premier mardi  » du mois ne vise plus seulement le secteur des nouvelles technologies

Autocollant jaune pour les entrepreneurs, vert pour les investisseurs et rouge pour tous les autres… Une fois le bout de papier collé au revers du veston, placez les participants d’un First Tuesday (FT) dans un endroit agréable (avec un verre à la main) et laissez-les entrer en interaction. Invariablement, les entrepreneurs finiront par présenter leur projet aux investisseurs qui décideront, ou non, d’y injecter des fonds…

Lancé en 1999 par quatre jeunes Britanniques sortis de Harvard et de Cambridge, le concept du FT attire rapidement les acteurs de la nouvelle économie. Non pas à cause de son principe, qui reprend celui des cercles d’affaires, mais plutôt à cause des lieux choisis pour les rencontres et l’ambiance décontractée qui y règne.  » C’est un peu mort, les soirées en ce moment. Ici, on ressent un dynamisme qu’on ne retrouve pas ailleurs « , expliquait un convive lors de l’une des premières éditions (1). Moyennant une idée un peu novatrice mâtinée de technologies Web, certains investisseurs ressortent miraculeusement de ces rendez-vous avec des fonds qu’ils n’auraient probablement jamais trouvés ailleurs.  » Début 2000, First Tuesday est le plus parfait condensé de la folie Internet. Lancé comme un petit club confidentiel, ce rendez-vous se transforme au fil des mois en un immense attroupement (…). La manifestation devient la scène de tous les excès, de tous les dérapages, et dévoile les ravages causés par les rouages financiers à l’£uvre dans le secteur. Au fil des mois, la proportion des passionnés de l’Internet ou de la création d’entreprises diminue, tandis qu’augmente celle des aspirants au jack-pot financier « , raconte Laurent Mauriac, journaliste à Libération.

L’hystérie liée à la Net-économie prend fin avec l’éclatement de la bulle Internet. Les rencontres FT, qui, depuis Londres, avaient essaimé dans une cinquantaine de villes à travers le monde, s’essoufflent. En Belgique, elles manquent même de passer à la trappe et seront relancées plusieurs fois. Jean de Renesse, le directeur actuel de FT (déjà présent dans l’équipe qui a importé l’idée dans notre pays en 1999), se veut confiant pour l’avenir du concept, dont le financement est assuré par des sponsors privés et, depuis l’année dernière, par des subsides de la Région de Bruxelles-Capitale et de la Région wallonne.  » S’il y a eu des excès dans certaines capitales européennes, les rencontres de Bruxelles sont toujours restées très professionnelles. Elles ont également permis d’identifier de nouveaux investisseurs. Selon nos estimations, en cinq ans d’existence, de 20 à 25 millions d’euros ont été levés en Belgique lors de FT.  »

Pas question, pour autant, de relancer la formule comme à ses débuts. Désormais, une soirée FT comprend plusieurs moments, dont des Demo Lounges – qui permettent à une jeune société de présenter ses produits – ou une conférence-débat sur un thème concret et d’actualité. La rencontre entre les investisseurs et les entrepreneurs reste malgré tout le c£ur d’un FT.  » Nous avons élargi notre public, poursuit Jean de Renesse. En plus des acteurs des nouvelles technologies, nous nous adressons aujourd’hui à tous les secteurs où l’on cultive l’innovation. Cela nous a déjà permis d’atteindre 500 nouveaux membres durant les six derniers mois. On dispose à présent de 8 000 membres, dont 300 sont des investisseurs.  » Reste encore à trouver des entrepreneurs aux idées innovantes et qui osent se lancer. Selon une étude du GEM (Global Entrepreneurship Monitor) de la London Business School, la Belgique n’est, en effet, pas un pays très entrepreneurial en termes de nouvelles créations d’entreprises.  » Dans l’étude GEM, nous occupons toujours les dernières places, explique Jean de Renesse. En Belgique, 3 % de la population active crée une nouvelle entreprise. La moyenne est de 8 % pour les autres pays examinés. On pourrait croire que ce mauvais résultat est dû à un manque de capitaux. Or les dernières informations de la Belgian Venturing Association indiquent que 600 millions d’euros n’auraient pas été investis en 2003…  » Pour ceux qui auraient une idée, mais pas encore de pétrole, le prochain FT se tiendra début mars. L’inscription est gratuite sur www.firsttuesday.be.

Vincent Genot

 » 600 millions d’euros n’auraient pas été investis en 2003… « 

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