Intel au coeur du Mac

Révolution de palais chez Apple ! L’impensable s’est finalement produit : des microprocesseurs Intel battront désormais la mesure dans les ordinateurs Macintosh, jusqu’à quatre fois plus vite qu’auparavant

Steve Jobs, le patron emblématique d’Apple, a toujours cultivé avec beaucoup d’audace l’art de la conversion. Convaincu que  » seuls les imbéciles ne changent jamais d’avis « , il ne s’est jamais privé de négocier brutalement ses virages à 180° ; sans que personne lui jette jamais la pierre. Les  » vétérans  » se souviendront avec nostalgie de sa décision unilatérale d’enterrer le Newton en 1997 (premier PDA de l’histoire). Ou encore du coup de théâtre qu’il a provoqué en signant un accord historique – sauvant in extremis une entreprise à l’agonie – avec le géant Microsoft, considéré jusqu’alors comme l’ennemi juré. Depuis, les choses roulent plutôt bien pour Apple, hormis l’isolationnisme technologique dans lequel sa société s’est enfermée. Les Mac tournent depuis 1994 sur des processeurs PowerPC (G4 de Motorola et G5 d’IBM), une architecture radicalement différente de celle que l’on trouve dans les PC sous Windows (ordinateurs Wintel), à l’origine de l’incompatibilité entre les univers Mac OS et Windows. Mais qu’importe ! Chez Apple, on assume ses choix et vénère la philosophie du  » think different « . Du moins, jusqu’à très récemment. Car il faut bien l’admettre : le G5 d’IBM n’a pas réussi a trouver son public. Jouant son va-tout, Steve Jobs a donc changé une nouvelle fois son fusil d’épaule en se tournant vers Intel, l’inventeur et le principal fournisseur de microprocesseurs de la planète.

Hérésie ou pas, c’est donc avec six mois d’avance que le patron d’Apple a présenté, au dernier salon Macworld de San Francisco, les premiers Mac dotés du  » Core Duo  » d’Intel, un microprocesseur de nouvelle génération constitué en réalité de deux  » c£urs  » : l’iMac Core Duo et le MacBook Pro, un portable haut de gamme qui remplace le vénérable PowerBook. D’ici la fin de l’année, tous les ordinateurs Apple intégreront des processeurs Intel, leur ouvrant à terme une grande porte sur l’univers Wintel. En effet, les Mac Intel pourront théoriquement accepter d’autres systèmes d’exploitation (dont Windows ou Linux) en plus du Mac OS X d’Apple. Si l’option n’a en réalité que peu d’intérêt pour la plupart des  » Mac users « , le constructeur a toutefois déjà devancé la demande en annonçant qu’elle ne soutiendra pas ce genre de fantaisies. Que les  » bidouilleurs  » se le tiennent pour dit ! Il n’empêche que le Mac est devenu un peu plus un PC.

Quatre fois plus rapides !

L’arrivée de la nouvelle puce d’Intel provoque un électrochoc tel que la planète Apple n’en n’avait plus connu depuis des lustres. L’iMac Core Duo et le MacBook Pro sont en effet annoncés comme respectivement  » deux et quatre fois plus rapides  » que les précédents modèles iMac G5 et PowerBook G4 ! Sauf que, sur le terrain, les premiers tests in vivo démontrent des gains nettement plus modestes. Encore un coup de marketing qui fera mouche… Quant à l’apparence extérieure, elle reste inchangée par rapport à (l’éphémère) gamme précédente. Hormis quelques petits  » plus  » (le nouveau portable est désormais équipé d’une caméra intégrée et d’un écran plus lumineux), les premiers Mac Intel conservent l’excellent niveau d’équipement de leurs prédécesseurs. Belle brochette de solutions créatives (iLife 06), connexions sans fils à gogo (Wi-Fi et Bluetooth 2.0), graveur de DVD-RW, FireWire à tous les étages, etc. Et, bien entendu, tournée générale de MediaCenter, un concept très en vogue pour transformer l’ordinateur en centre multimédia de salon. Le tout au même prix que la gamme précédente.

Et la compatibilité camarade…

Bonne nouvelle : côté compatibilité, le coup était savamment prémédité puisque Mac OS X a été conçu à l’origine pour tourner à la fois sur processeur Motorola/IBM et Intel. Sans entrer dans les détails, tout est prévu pour pouvoir continuer à utiliser ses anciens logiciels Mac OS X sur Mac Intel. Reste que la transition nécessitera une certaine  » adaptation  » des logiciels existants pour qu’ils puissent s’exprimer à plein régime sur l’environnement Intel. Et les autres ? Que l’on se rassure : Apple a promis de poursuivre parallèlement les développements de logiciels pour les Mac existants. Sans toutefois préciser combien de temps. La mauvaise nouvelle pour terminer : l’ancienne plate-forme Mac OS 9 passe définitivement à la trappe sur Mac Intel… l

Boris Jancen

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