Incendie social chez les pompiers

Depuis plus de quatre mois, les relations entre pompiers et direction de l’intercommunale d’incendie liégeoise sont plus que houleuses. L’arrêt de travail survenu en décembre suivi d’une grève administrative n’ont rien arrangé. Avec des conséquences directes pour la sécurité de la population.

 » Eh bien faites-la, votre grève !  » Il y a des petites phrases capables de mettre le feu aux poudres. Celle-ci, prononcée (selon les syndicats) par Serge Cappa, président de l’Intercommunale d’incendie de Liège et environs (IILE), aurait allumé la mèche d’un conflit social qui ne demandait qu’à exploser. Au sens propre comme au figuré : le mercredi 4 décembre, la police de Liège observe sur ses caméras de surveillance un imposant brasier au beau milieu de la rue, en face de la caserne de la rue Ransonnet. Elle prévient l’agence Belga, et ainsi commence l’histoire (médiatique) de la grève des pompiers de Liège. Des hommes du feu qui se croisent les bras et qui n’assurent plus aucune intervention, cela n’était jamais arrivé en Cité ardente.

L’arrêt de travail durera six jours. Chahutés. On reprochera aux agents d’avoir provoqué d’importants dégâts matériels en alimentant le foyer devant la caserne (une facture de 35 000 euros a été évoquée), ce que les organisations syndicales nieront, rétorquant que la direction prend le problème de haut (la fameuse petite phrase).

Le mouvement fut suivi d’une grève administrative : les agents ne remplissaient plus les rapports d’intervention, ne participaient plus aux séances de sport, n’exécutaient plus certaines corvées. Jusqu’au 31 mars dernier, date à laquelle ils décidèrent de reprendre pleinement le travail pour récupérer la totalité de leur salaire, l’IILE ayant décidé de retenir 10 % de leurs émoluments en compensation des services non- rendus.

Habillement et nettoyage

Cela n’a pas éteint le conflit, qui porte essentiellement sur deux points : la masse d’habillement et la prime de nettoyage. Soit des sommes respectives de 1 200 et 820 euros, permettant aux agents de s’acheter des équipements et de les nettoyer. Pour la première, l’IILE affirme qu’il y avait trop de  » débordements  » et souhaite mieux contrôler la manière dont l’argent est dépensé. Pour le second montant, la direction veut le raboter à 347 euros par an, contre nettoyage des équipements à la caserne et à domicile.  » La situation financière des communes est difficile et nous devons palier un manque de financement de 3 millions d’euros pour maintenir le fonctionnement actuel « , justifie Serge Cappa.

Inacceptable pour les syndicats. Qui certifient qu’ils ne s’insurgent pas uniquement contre l’aspect financier, mais surtout contre les conséquences que cela impliquerait quant à leur sécurité. Les machines à laver ordinaires ne seraient pas appropriées et risqueraient de diminuer la résistance au feu de leurs uniformes, donc de les mettre en danger.

Ces querelles ne sont toutefois que les arbres qui cachent la forêt. Le dialogue entre les travailleurs, la direction de l’IILE et les officiers représentés par le major Luc Schevenels est au point mort. L’intervention d’une médiatrice fédérale n’y a rien changé.  » Selon nos administrateurs, rien n’a été fait d’un côté comme de l’autre pour lui faciliter la tâche « , observe un édile.

Le taux d’absentéisme chez les pompiers atteint aujourd’hui 22 %, contre 8 % en décembre dernier.  » L’ambiance de travail est telle que beaucoup sont en burn out « , lance Pieter Vandenberk, délégué SLFP. Ce qui représente tout de même plus de 110 absents. Et les syndicats de dénoncer les casernes fermées faute de personnel et les risques que cette situation engendre pour la population. Qui pour éteindre cet incendie social ?

M.Gs.

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