Impuissances mondiales

A défaut d’intervention, Moscou et Pékin bloquent toute initiative forte de l’ONU. Sans être indifférente, la communauté internationale paraît désarmée. Et les massacres continuent.

Face à la crise syrienne, la communauté internationale, incapable de parler d’une même voix, paraît impuissante. Il a fallu un bain de sang à Hama – 300 morts en une semaine, plusieurs milliers de réfugiés sur les routes – et des jours de tractations pour que le Conseil de sécurité de l’ONU adopte, le 3 août, une  » déclaration  » – à défaut de pouvoir s’entendre sur le vote d’une résolution – condamnant l’usage de la force contre les civils et appelant  » toutes les parties à faire preuve de la plus grande retenue « . Un texte minimaliste donc.

Les réticences traditionnelles de Moscou et de Pékin vis-à-vis de toute démarche qui pourrait ressembler à une ingérence sont d’autant plus fortes que la Syrie pèse dans la géopolitique du Moyen-Orient. Elle est même le principal partenaire des Russes dans une région où ils sont en perte de vitesse.

Damas a des soutiens… et une capacité de nuisance

En outre, l’interprétation extensive par les Occidentaux de la résolution 1973 sur la Libye, qui n’autorisait en principe le recours à la force que pour  » protéger les populations civiles « , a eu un effet dissuasif. Non seulement sur la Russie et la Chine, mais aussi sur l’Inde, l’Afrique du Sud et le Brésil, qui se sont montrés difficiles à convaincre.

Il n’était évidemment pas question, dans ces conditions, d’évoquer une saisine de la Cour pénale internationale ou des sanctions économiques. Les restrictions sur les échanges ne sont d’ailleurs efficaces que si elles sont appliquées par tous. Or les deux principaux partenaires commerciaux de la Syrie sont l’Iran et la Russieà

Une intervention militaire est, pour l’heure, exclue. L’opposition syrienne n’en veut pas, les Occidentaux considèrent qu’elle n’est  » pas envisageable « , selon l’expression du ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague. Car le conflit se propagerait rapidement au-delà des frontières de la Syrie. Pièce maîtresse d’une alliance régionale, Damas ne manque pas, en effet, de soutiens extérieurs. Et d’une capacité de nuisance dont le Liban et Israël seraient les premiers à faire les frais si le Hezbollah – la puissante milice dont Téhéran et Damas se partagent le parrainage – ouvrait un nouveau front contre l’Etat hébreu.

DOMINIQUE LAGARDE

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