Hillary perd la guerre des sexes

dorothée klein

La cause était entendue : Hillary Clinton (60 ans) allait gagner. Ses états de service étaient exemplaires. Brillante avocate, figure de proue des démocrates et excellente sénatrice de New York, elle était considérée, voici quelques mois, comme la super-favorite pour conquérir la Maison-Blanche.

Puis vinrent les hauts et les bas. Jusqu’à l’estocade finale. La semaine dernière, la courte victoire d’Hillary dans l’Indiana n’a pas compensé la nette victoire de son rival démocrate, Barack Obama, en Caroline du Nord. Et le raz de marée de l’ex-First Lady en Virginie-Occidentale, ce mardi 13 mai, n’y changera vraisemblablement rien. La continuité dynastique du pouvoir a constitué un obstacle pour la femme de Bill. Elle n’avait pourtant pas posé de problème à George W. Bush. Hillary se serait trompée de message, de méthode, de scénario et d’époque : sa campagne combative aurait été, selon Le Figaro,  » inadaptée à l’humeur du moment « .

Résultat : quarante ans après l’assassinat de Martin Luther King, les Etats-Unis pourraient être prêts à élire leur premier président noir. Mais pas à donner les clés de la Maison-Blanche à une femme. Encore une occasion manquée. Révélatrice du sexisme ambiant ? Voire. Obama cumulait des handicaps assez habituels chez les femmes. En début de campagne, il semblait, à 46 ans, trop jeune, peu connu, mal préparé et inexpérimenté. Mais ses lacunes se sont transformées en atouts. Elles en ont fait un homme du changement et de l’avenir.

A l’inverse, Hillary aurait perdu, selon certains experts anglo-saxons, parce qu’elle manquait de… féminité. Un comble ? Pour devenir une femme de pouvoir, cette fille de la classe moyenne de Chicago a dû se battre. Pour être crédible dans un monde d’hommes, elle a acquis une endurance à toute épreuve, une solide maîtrise des dossiers, une habileté redoutable… Et elle a même voté, en 2003, pour la guerre en Irak. Erreur : le temps ne serait plus aux dames de fer. Notre société souhaiterait un leadership plus participatif, plus  » féminin  » au sens traditionnel. Et Obama, le séducteur, qui, pendant toute sa jeunesse, a adopté un profil bas pour ne pas faire peur aux Blancs, répondrait mieux à cette attente.

Bref, la féminisation de la société aurait joué en défaveur… d’une femme. On en reste pantois. On se demande ce qu’il faut faire pour accélérer les avancées féminines. Après la défaite de Ségolène Royal en France, Angela Merkel, chancelière allemande, seule femme du G 8, groupe des pays les plus industrialisés du monde, restera-t-elle l’exception qui confirme la règle de l’inégalité des sexes à la tête des démocraties occidentales ? Il ne s’agit nullement de prétendre que les femmes font nécessairement mieux que les hommes (quoiqu’elles agissent sans doute différemment.) Il convient simplement de s’insurger contre un déficit démocratique. Rien ne justifie qu’une moitié de l’humanité monopolise le pouvoir à son profit et au détriment de l’autre, à jamais exclue, sauf exceptions, de postes de décision qui pourraient changer son sort. Et peut-être aussi, un peu, la face du monde. l

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