Hausse des prix généralisée

Des ventes et des tarifs en progression : la  » force tranquille  » du marché immobilier bruxellois a encore parlé en 2015. Un scénario qui devrait se répéter en 2016.

L’année passée, lors de la présentation de leur analyse de l’évolution de l’activité et des prix de l’immobilier dans la capitale, les notaires bruxellois s’étaient inquiétés d’un recul alarmant du nombre de transactions en 2014 : – 7,6 %. Du jamais-vu ou presque depuis de nombreuses années, qui contrastait, en outre, avec les bons résultats affichés par les Régions flamande et wallonne. Aujourd’hui, cette frayeur passagère n’est plus qu’un lointain souvenir. La courbe des ventes est repartie à la hausse en 2015, gagnant 4,8 %,  » soit le meilleur score depuis sept ans « . Voilà les notaires bruxellois confortés dans leur confiance et leur optimisme à l’égard du marché qui est le leur, qu’ils aiment décrire comme étant  » de bonne tenue  » et susceptible d’en  » rassurer plus d’un « .

La brique peut se targuer, à Bruxelles, d’un sérieux atout par rapport à ses consoeurs wallonne et flamande : le soutien massif d’un large public d’investisseurs. Le notaire Olivier Neyrinck, dont l’étude est située à Jette, se fait en effet l’écho d’un  » engouement bien belge pour la brique bruxelloise  » qui fait baisser le nombre de propriétaires occupants à quelque 50 % dans la capitale, contre environ 70 % partout ailleurs.

L’une des conséquences de ce rapport atypique dans le paysage est la rénovation progressive du parc immobilier bruxellois, enclenchée par les initiatives de  » propriétaires professionnels « , observe Me Neyrinck. Mais aussi, ajoute-t-il, par l' » effet positif  » des politiques mises en place par les autorités administratives de la capitale, et ce  » tout particulièrement en matière d’urbanisme et de confort énergétique « .  » Même si, de nos jours, nous rencontrons encore beaucoup de problèmes urbanistiques à l’occasion de nos ventes, dépeint le notaire jettois, nous constatons que les propriétaires vendeurs sont beaucoup mieux informés et plus réactifs face à la législation qui s’est complexifiée avec le temps.  » D’après lui, de nombreux vendeurs régularisent et mettent leur bien aux normes avant de l’introduire sur le marché, ce qui peut  » avoir une incidence positive sur les prix « .

Une tendance haussière

Côté tarifs, justement, le marché bruxellois s’est  » bien comporté « , se réjouit Isabelle Raes, notaire à Molenbeek-Saint-Jean. Les hausses de prix sont générales, à commencer par les maisons, dont la valeur médiane augmente de 1,4 %, et même 2,8 % si on y ajoute les villas. Alors qu’elles plafonnaient à 360 000 euros en 2014, un an plus tard, elles s’échangent à 370 000 euros. Une performance que la notaire molenbeekoise tente d’expliquer en avançant un meilleur état général des biens, comme précisé précédemment, mais aussi le fait que  » certains candidats acquéreurs qui hésitaient encore à passer d’une maison à un appartement aient été refroidis par la gestion d’une copropriété, par les charges sur lesquelles ils n’ont pas une vue facile, etc.  »

Ce qui ne veut pas dire que les appartements aient subi un quelconque revers, que du contraire. Leur prix médian gonfle de 3,8 % pour se hisser à 192 000 euros. De quoi  » compenser largement  » le recul connu en 2014 (- 2,6 %, à 185 000 euros), se félicite Olivier Neyrinck. A noter toutefois, poursuit-il, que  » cette progression s’inscrit dans un marché qui semblait avoir atteint certains plafonds dans la capitale. L’augmentation des octrois de crédit et les taux d’intérêt extrêmement bas ont permis aux prix de se renforcer encore quelque peu « .

En se penchant sur les différentes catégories d’appartements compte tenu de leur nombre de chambres, il apparaît que le marché est surtout soutenu par les 2-chambres. Ceux-ci représentent un peu plus de la moitié des ventes (52 %) et leur prix médian croît de 4 %, passant de 200 000 euros en 2014 à 208 000 euros en 2015. Les appartements 1-chambre ne connaissent aucune évolution (littéralement, 0 %) et maintiennent une valeur médiane de 150 000 euros. Les 3-chambres, eux, voient leurs tarifs s’affaisser de 1,6 %, à 285 000 euros contre 289 555 euros l’année précédente.

Fiscalité immobilière : l’incertitude

Autant d’éléments qui amènent les notaires bruxellois à conclure une fois de plus à la stabilité, usant encore et toujours du qualificatif de  » force tranquille  » pour décrire le marché immobilier de la capitale.

Quid des perspectives pour l’année 2016 ? Isabelle Raes confie ne pas s’attendre à des  » surprises particulières « .  » Les événements malheureux que nous avons connus ne devraient pas influer sur le marché « , pronostique-t-elle, plaidant pour ne pas stigmatiser la commune de Molenbeek-Saint-Jean.  » Il y aura peut-être quelques acquéreurs potentiels qui opteront pour d’autres quartiers, mais nombreux seront ceux qui, bien au contraire, voudront rester dans leur commune car, comme toutes, elle est aussi pourvue de quartiers agréables.  »

Olivier Neyrinck attire, pour sa part, l’attention sur des considérations fiscales, s’appuyant sur l’exemple de la Wallonie en préconisant la vigilance.  » Il est triste d’entendre depuis peu des candidats à l’acquisition assurer que, plus jamais, ils ne jetteront leur dévolu sur un bien au sud du pays au motif que les droits d’enregistrement sont montés à 15 % pour le troisième bien acquis. Notre législateur fiscal doit s’en montrer conscient. « 

Par Frédérique Masquelier

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