Haro sur l’identité flamande

Guido Fonteyn

Existerait-il une identité flamande et, si oui, quelqu’un comme Jan Peumans (N-VA), président du parlement flamand, pourrait-il faire figure de  » produit  » de cette identité ? Peumans a fait la Une de l’actualité en Flandre en refusant d’assister à la réception du Nouvel An offerte aux corps constitués, au palais royal, le symbole, par excellence, de la Belgique. Ce défenseur convaincu d’une république flamande a certes minimisé son geste par la suite en déclarant qu’il adore séjourner en Wallonie, et qu’après sa mort, dans une nouvelle vie, il préférerait être wallon plutôt que flamand : les adeptes wallons de la théorie de la réincarnation ont donc quelques raisons de s’inquiéter ! En fait, Peumans voulait simplement faire savoir qu’  » il lui était impossible d’agir autrement  » parce que son identité dicte sa conduite,  » puisqu’il est flamand « , et républicain par-dessus le marché. Faut-il en déduire que Peumans personnifie  » l’identité flamande  » ? Et que les Flamands sont ou sont devenus les chantres d’une république ?

Rien n’est moins sûr. Son absence au palais royal lui a été reprochée par tous les groupes au parlement flamand, à l’exception du Vlaams Belang. Sa manière de présider l’assemblée nordiste, à la manière d’une maîtresse d’école maternelle, ne fait pas l’unanimité non plus. Mais il y a plus important. Notre pays oublie trop vite que, dans les années 1950, la Flandre était royaliste, et que la Wallonie ne voulait plus du roi : rappelez-vous la Question royale. Jan Peumans, né en 1951 et ancien bourgmestre de Riemst, au Limbourg, était trop jeune pour avoir vécu cet épisode historique. Entre-temps, les Wallons se sont rapprochés du roi, tandis que les Flamands s’en sont éloignés – mais cela ne s’explique-t-il pas d’abord par le désir de sécurité qu’offre le cadre de la Belgique ? C’est dans la Région la moins prospère – autrefois la Flandre, aujourd’hui la Wallonie – que l’attachement au souverain se révèle toujours le plus fort, celui-ci représentant l’Etat protecteur. Cela n’a rien à voir avec une espèce d’identité immuable. Il s’agit d’une donnée fluctuante, et gageons que, si la grande crise faisait trembler davantage encore la Flandre sur ses fondations (Opel, InBev, etc.), on pourra s’attendre à ce que le Nord se rapproche à nouveau de la Belgique pour  » se réchauffer « , y compris lors de la réception du Nouvel An du roi. Alors que Peumans sera déjà renvoyé depuis longtemps dans son village, où il pourra continuer à réfléchir sur son identité.

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GUIDO FONTEYN

Rappelons-nous la Question royale

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