Hambourg mieux que Berlin

Tandis que la coalition fédérale tangue, une alliance entre conservateurs et écologistes dirige sans vagues le port allemand. Un modèle à suivre ?

DE NOTRE CORRESPONDANTE

Qui se ressemble ne s’assemble pas toujours bien. C’est ce que constatent les Allemands, face aux débuts chaotiques du deuxième gouvernement Merkel : crises à répétition sur les dossiers importants, tensions entre les protagonistes, atmosphère délétère, sondages en baisse pour la chancelière (voir l’infographie), sans parler du débat sur l’Afghanistan qui plombe l’ambiance générale. Cette coalition des conservateurs et des libéraux (CDU/CSU et FDP) avait pourtant été vendue aux électeurs, avant le scrutin du 27 septembre, comme l’option la plus  » naturelle « . Voire.

Pendant ce temps, à Hambourg, un rapprochement inattendu entre deux partis dissemblables marque des points : CDU et Verts dirigent ensemble la deuxième ville d’Allemagne depuis presque deux ans. A les entendre, c’est le bonheur parfait :  » Les Verts sont ouverts au dialogue, fidèles à leurs principes et cherchent moins à défendre leurs postes qu’à faire passer des projets qui leur tiennent à c£ur « , constate Ole von Beust, le maire conservateur de la ville.  » Très bonne ambiance de travail, confiance réciproque, nous avons chacun le souci de ne pas coincer l’autre « , confirme son adjointe écologiste, Christa Goetsch. Et pourtant, jamais dans l’histoire de la république fédérale, une telle expérience n’avait été tentée au niveau régional – la ville-Etat de Hambourg est l’un des 16 Länder allemands.

Un modèle à suivre ?  » Tout le monde nous attend au tournant, explique Christa Goetsch. Alors nous sommes un peu obligés de nous tenir !  » Certes, allier des conservateurs aux écologistes est plus aisé dans une ville qu’à l’échelle d’un pays.  » La CDU de Hambourg, urbaine donc plus ouverte, était mûre pour ce genre d’expérience, remarque Frank Schira, président du groupe CDU au parlement local. Il aurait été moins aisé à faire passer dans une région rurale. « 

Première étape vers une coalition fédérale ?

Mais même en Allemagne, pays du pragmatisme politique, le mélange  » noir/vert  » (pour reprendre les couleurs des deux partis) aurait pu se révéler explosif.  » Nous ne sommes en concurrence ni sur notre électorat ni sur notre programme, ce qui facilite les choses, analyse Jan Kerstan, chef du groupe écologiste à la diète hambourgeoise. Il n’y a pas, comme avec les sociaux-démocrates du SPD, qui ont tendance à nous prendre pour les enfants de la famille, cette lutte permanente afin de revendiquer pour soi le moindre succès.  » Ce n’est d’ailleurs pas le genre de la  » maison von Beust « . Le maire de la ville n’est pas de nature à fanfaronner. Et sa discrétion, de l’avis de tous les protagonistes, est une des raisons du succès. Considéré comme un progressiste au sein de son parti, cet homosexuel déclaré participe ainsi à la modernisation de la CDU, lancée par Angela Merkel depuis son accession au pouvoir en 2005. Objectif : toucher un électorat plus jeune, plus urbain, plus féminin.

Hambourg, première étape vers une coalition identique au niveau fédéral ? Dans un système politique de plus en plus fractionné – cinq partis étant désormais représentés au Bundestag – tester le plus grand nombre d’alliances possible devient inévitable. Surtout lorsque le partenaire supposé  » naturel  » se révèle difficile à gérer.

BLANDINE MILCENT

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