L'acteur-chanteur a commencé sa carrière "vers 1985-1986" sous le nom de Los Drogenbos, un duo survolté formé avec le comparse vocal Dili. © PHILIPPE CORNET

Gangster et acteur

Après avoir repris le lead vocal du groupe Gangsters d’amour reformé, Philippe Résimont tient le rôle principal dans Rumeur, au théâtre Le Public, jusqu’à la fin décembre.

« Les échos sont positifs, toutes générations confondues. Les gens se rendent compte que le spectacle est en phase avec son temps puisqu’il évoque les rumeurs et les médias, le mainstream, le buzz. Rumeur met en scène un homme d’affaires qui a créé un nouveau carburant et qui subit un contrecoup, accusé d’avoir provoqué une épidémie depuis la Chine. Un scénario écrit avant l’arrivée du coronavirus. » Moins d’une semaine après la première représentation au Public, Philippe Résimont (1962, Etterbeek) fait entièrement corps avec son personnage. Reprenant le théâtre après des années d’absence, et après avoir joué une vingtaine de rôles dans plusieurs projets ambitieux à la télé et au cinéma, ce n’était pas gagné d’avance. « Je me suis dit: cela me fout les jetons, donc affronte tes peurs. Même si je sais que Rumeur est un marathon à mener jusqu’à fin décembre. Rappelez-moi dans un mois pour voir (rires). »

A deux mu0026#xE8;tres du public, on sent terriblement les silences comme les rires.

A raison de cinq jours par semaine, une heure de spectacle à chaque représentation, le comédien n’a pas « la sensation que cela soit si court. Le texte de Thierry Janssen est assez intense. Dans cette histoire, je suis déjà condamné par la rumeur, face à la journaliste qui m’interroge. Cela laisse beaucoup de place pour s’amuser dans le jeu d’acteur. » D’autant que les cent quatre-vingts spectateurs entourent les acteurs par trois côtés de la salle. Sensations physiques garanties. Ces fameuses ondes telluriques qui font ressentir – sans parole – l’adhésion ou non du public au contenu et à l’interprétation. « Certains soirs, vu le succès, on rajoute des banquettes, ce qui nous rapproche à deux mètres, deux mètres cinquante, des premiers rangs… On sent terriblement les silences comme les rires. Là (NDLR: depuis le 16 novembre), on a enchaîné une vraie première semaine de représentations sans répétitions la journée. Ça me va bien, car j’aime bien être occupé avant de monter sur les planches, en tournant des pubs, en faisant des doublages ou en enregistrant des livres audios. ». Sinon, Philippe Résimont « traque » , incapable de ne pas être obsédé par la soirée à venir.

Biotopic

L’acteur-chanteur a commencé sa carrière « vers 1985-1986 » avec les Gangsters d’amour sous le nom de Los Drogenbos, un duo survolté formé avec le comparse vocal Dili. Tout en continuant la musique avec les Carolos jusqu’au début de la carrière du leader-chanteur Jeff Bodart ( 1962 – 2008 ), Philippe Résimont multiplie les projets solo. Initialement, il ne pense faire qu’une année ou deux avec les Gangsters ; cela durera une décennie. Récemment, la question de reformer le groupe est venue sur la table. « J’adore chanter, j’adore la scène, j’étais excité à l’idée non pas de prendre la place de Jeff comme chanteur et front man, mais d’être en concert. Et puis, il y a eu ce bazar de la Covid qui a tout compliqué. »

Philippe Résimont est un enfant de la balle culturelle: son père, Nicolas, fait partie des « producteurs historiques » de la RTBF. « J’ai très vite abandonné mes études d’ingénieur commercial à Louvain-la-Neuve, en première année, dès le mois de décembre, raconte-t-il. Mon père m’a dit de ne pas glander. Je me suis inscrit dans une école d’acteurs privée, Parallax. Le premier cours a été une révélation dingue. » Trois bonnes décennies plus tard , il se marre encore de ce déclencheur essentiel, de l’impro qui « permet de voir tout ce qui peut se comprendre en tant que comédien ».

Philippe Résimont adore tout autant la scène musicale où, avec chapeau et costard gangstérisés, il évoque désormais un grand albatros en quête d’embrouilles. Gentilles, puisqu’il défend un univers sonore proche de l’esprit BD: paroles fun et harmonies pimpantes, voire carrément funky. « Il y a définitivement quelque chose de physique qui vient du public, l’énergie qui te porte, évoque-t-il. Tu essaies d’aller les chercher. Chanter, c’est incomparable, sauf peut-être au sexe! C’est le seul endroit où je me laisse encore aller. Il y a des bulles de champagne, des ruptures de temps, tu recomposes la phrase autrement, sans que tu aies préparé quoi que ce soit, c’est hyperexcitant. »

L’époque est à la diversité. L’acteur a donc tourné pas mal de séries, parmi lesquelles Baron noir, Au service de la France, Une affaire française etLa Trêve ertébéenne: « C’est excitant parce qu’il y a peu voire pas de répétitions. Tu attends deux heures et puis tu y vas, considérant que ce moment-là est désormais ton espace. Certains comédiens attendent la becquetée, les instructions du réalisateur, moi, j’ai plutôt tendance à profiter de l’instant. » En attendant, peut-être, des concerts et même des enregistrements de nouvelles chansons des Gangsters en 2022.

Au théâtre Le Public, jusqu’au 31 décembre.

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