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Être doux avec soi-même pour aller de l’avant

 » Apprenez à regarder vos forces mais parfois aussi vos échecs à travers les yeux de votre meilleur ami « , conseille Jan Van der Vurst. Il nous explique d’où nous viennent l’espoir, le courage et la persévérance dans l’adversité, mais aussi et surtout comment les nourrir chez nous-mêmes et chez les autres.

Garder espoir. Tenir bon. Certains font preuve d’un courage admirable, tandis que d’autres semblent très rapidement baisser les bras. En cette période difficile, ces notions sont plus que jamais sur toutes les lèvres… mais quel est finalement leur sens exact? Spécialiste en pédagogie sociale, Jan Van der Vurst se passionne de longue date pour la question.

(Im)pulsions

La notion de courage est connue depuis toujours sous une multitude de formes, mais nous nous intéresserons plus particulièrement ici au courage « personnel » dont nous avons tous besoin pour avancer au quotidien, en particulier dans les périodes difficiles. D’où vient-il? Comment l’alimenter? Pour répondre à ces questions, Jan Van der Vurst a épluché la littérature scientifique et interrogé des personnes qui lui semblaient être des modèles de courage: des gestionnaires, des scientifiques et des professionnels du sport, de la culture ou du bien-être qui avaient tous déjà apporté des contributions significatives à leurs domaines respectifs. « Au vu de leur détermination, j’étais convaincu que leurs réussites étaient dues à des efforts rigoureux et constants, explique le spécialiste. Eux-mêmes avançaient toutefois une explication complètement différente: celle d’un besoin profond, d’une pulsion interne qui les poussait à aller de l’avant. Ce qu’ils faisaient revêtait une réelle importance à leurs yeux, et apportait aussi quelque chose aux autres. Ils avaient l’impression que, loin de leur coûter de l’énergie, leurs activités leur en apportaient. »

Pour pouvoir suivre sa boussole intérieure, il faut aussi avoir la conviction qu’elle est bien calibrée. expert Bodytalk Jan Van der Vurst, spécialiste en pédagogie sociale

Une source de passion

Les personnes qui font preuve de courage ont donc, pourrait-on dire, la chance d’être animées par une passion. Mais d’où vient-elle? « Avant de pouvoir se passionner pour quelque chose, il faut avant tout savoir ce que l’on trouve important… et cela, on le découvre d’autant plus rapidement que l’on s’accorde suffisamment d’importance. La conviction d’être bien comme vous êtes rendra plus facile la confrontation avec votre propre personnalité, vos propres comportements. Émergeront alors plus clairement les choix fondamentaux concernant vos valeurs, vos sources de satisfaction, ce qui vous met des étincelles au fond des yeux, votre manière de changer le monde, etc. »

Être doux avec soi-même pour aller de l'avant

Un point commun chez nombre de ses interlocuteurs était d’avoir pu être eux-mêmes, dès leur plus tendre enfance. Parce que les autres croyaient en eux, ils avaient très rapidement trouvé le sens de leur vie. Pour d’autres, cette prise de conscience ne s’est faite que plus tard, à un moment-charnière où ils avaient soudain été confrontés à une vocation, à une maladie grave ou à une crise quelconque. « Aujourd’hui aussi, la crise du coronavirus force probablement certains à vraiment se regarder en face et à réfléchir à ce qu’ils veulent vraiment faire de leur vie, à ce qu’ils veulent apporter au monde. »

Une volonté de grandir

Avoir une bonne image de soi aide non seulement à fixer ses priorités mais aussi à s’y investir pleinement, sans se laisser détourner par l’opinion des autres. « Plutôt que de vous demander si vous semblez suffisamment intelligent ou talentueux ou de vous inquiéter du regard des autres en cas d’échec, vous vous préoccuperez de continuer à grandir dans vos activités tout en restant fidèle à qui vous voulez être, souligne Jan Van der Vurst. Avec cet objectif à l’esprit, vous allez relever les défis avec plaisir, vous accrocher coûte que coûte ; les revers alimenteront votre motivation plutôt que de vous déstabiliser. Pour vous, ce qui compte sera en effet la vue d’ensemble, la croissance à laquelle vous aspirez. »

Une telle attitude se voit aussi de l’extérieur, comme l’explique John Porter (CEO de Telenet), l’une des personnalités interviewées par Jan Van der Vurst: « On voit que ces personnes sont paisibles, qu’elles sont présentes dans l’instant plutôt que d’appréhender sans cesse ce que demain leur réserve. Elles ne se demandent pas si elles vont parvenir à réaliser leurs objectifs et ne s’attardent pas sur le passé, qui appartient au passé. C’est vraiment une chose que je constate systématiquement chez les personnes courageuses: elles ont une vision à long terme, mais elles s’en rapprochent pas à pas, en accordant à chacun de leurs pas leur attention pleine et entière. Elles ne se laissent pas distraire par des spéculations ou par ce que les autres pensent, mais se concentrent largement sur elles-mêmes. » Cela ne veut évidemment pas dire qu’il faut ignorer l’avis des autres, nuance Jan Van der Vurst: « Pour pouvoir suivre sa boussole intérieure, il faut aussi avoir la conviction qu’elle est bien calibrée, ce qui suppose non seulement de faire son examen de conscience mais aussi de demander systématiquement aux personnes qui sont importantes dans notre vie ce qu’elles pensent, quelles pistes leur sautent aux yeux pour réaliser nos objectifs, etc. »

Pour garder ou reprendre courage, essayez donc de vous voir à travers les yeux de ceux qui vous apprécient et vous voient comme vous êtes vraiment.
Pour garder ou reprendre courage, essayez donc de vous voir à travers les yeux de ceux qui vous apprécient et vous voient comme vous êtes vraiment.© GETTY

Cette attitude avec les autres peut même les aider à faire de même. Pour reprendre les conseils concrets de la psychologue et spécialiste de la motivation américaine Carol Dweck, également interviewée par Jan Van der Vurst (qui rejoint pleinement sa vision): « Louez les autres – et en particulier les enfants, pour encourager d’emblée cette attitude – non pas pour leurs talents, mais pour leur approche, pour leur manière de faire les choses. Montrez-leur comment avancer en faisant de leur mieux et accueillez leurs échecs comme des événements intéressants et intrigants dont ils peuvent tirer les leçons pour progresser encore mieux dans le futur. »

Terreau fertile

Pour garder ou reprendre courage, essayez donc de vous voir à travers les yeux de ceux qui vous apprécient et vous voient comme vous êtes vraiment. « Cela vous aidera à poser sur vous-même un regard plus doux, qui est peut-être bien la clé déterminante pour aborder la vie avec (plus de) courage, explique Jan Van der Vurst. En étant bienveillant avec vous-même, vous oserez aussi plus facilement vous remettre sans cesse en question, vous détacher de vos certitudes et, surtout, faire ce qui correspond à la personne que vous voulez être. Ceux qui vous sont chers ont tout à y gagner. Si vous devez renier votre identité, vous risquez en effet beaucoup plus facilement de vous effondrer… et, avec vous, tout ce que vous servez et défendez. »

Mais que faire si les revers vous ont rendu cynique, que vous vous êtes laissé endormir par le confort? « Peut-être ces sages paroles de Steve Jobs, qui remontent à une époque où il était déjà gravement malade, vous remettront-elles en selle: ‘Votre temps est compté. Ne le gâchez pas en vivant la vie de quelqu’un d’autre. Ne tombez pas dans le piège des dogmes, qui vous pousseraient à mener votre vie en fonction de la vision des autres. Ne laissez pas le vacarme de leurs opinions dominer votre voix intérieure. Et, surtout, ayez le courage de suivre votre coeur et votre intuition. Ils savent déjà ce que vous voulez vraiment devenir. Tout le reste n’a qu’une importance secondaire' », conclut Jan Van der Vurst.

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