Et pourtant, ils tournent

La ronde des objets célestes autour du Soleil s’agrandit. Mais ils ne méritent pas vraiment le titre de planètes

Certains avaient annoncé la découverte d’une nouvelle planète. Il n’en est rien.  » Sedna « , cette boule de glace et de roche repérée, il y a quelques semaines, à l’aide d’un télescope du mont Palomar, n’est pas le dixième membre du système solaire, aux côtés de Vénus, de Mars ou de Jupiter. D’un diamètre de 1 300 à 1 800 kilomètres, cet objet céleste voguant à 13 milliards de kilomètres de la Terre est pourtant le plus gros décelé dans la banlieue du Soleil depuis la découverte de Pluton, en 1930. Mais, à en croire l’équipe de Michael Brown, du laboratoire Caltech, à l’origine de l’observation, Sedna n’en est pas pour autant une planète.

La raison de ce verdict ? La masse de cet astre serait inférieure à la somme de celles des autres corps croisant son orbite. Du coup, les chercheurs américains estiment que le nouveau venu est plutôt un  » planétoïde « , une pseudo-planète, comme on en connaît déjà des centaines. Chacun demeure, cependant, libre de contester ce jugement. Car, aussi bizarre que cela puisse paraître, aucune convention ne précise aujourd’hui les caractéristiques d’une planète. Faute de définition, toutes les hypothèses, ou presque, demeurent donc ouvertes.

La question de savoir ce qu’est une planète ne s’est pas toujours posée. Jusqu’en 1992, le terme désignait l’un des neufs corps les plus massifs tournant autour du Soleil : outre la Terre, Mercure, Vénus, Mars, Jupiter, Saturne, Uranus, Neptune et Pluton. Mais, cette année-là, deux astronomes de l’université de Hawaii observent un objet d’un type inconnu se déplaçant dans le ciel. Baptisé  » QB 1 « , il est le premier des  » transneptuniens  » , une nouvelle catégorie d’astres dont on découvrira par la suite qu’ils se meuvent au-delà de l’orbite de Neptune, au sein de ce que les spécialistes appellent la  » ceinture de Kuiper « . Depuis, plus de 1 000 de ces corps errants, sur un total estimé à 70 000, ont été repérés. Si certains, à l’instar de QB 1 (de 200 à 250 kilomètres de diamètre), sont plutôt petits, d’autres, comme Quaoar (1 250 km), découvert en 2002, ou 2004 DW (1 600 km), cette année, ont des tailles relativement imposantes.

Pluton menacé d’exclusion

Doit-on les considérer comme des planètes ? Une partie des spécialistes û pour qui tout objet du système solaire ayant pris la forme d’une sphère sous l’effet de sa propre gravité est une planète û répondent par l’affirmative. D’autres le contestent fortement. Ceux-ci vont jusqu’à exiger que Pluton (2 400 km), bien plus léger que beaucoup de satellites du système solaire (dont la Lune), soit rayé de la liste des planètes. Alors, au final, combien sont-elles, ces planètes à tourner autour du Soleil : 8, 9, 10 ou des centaines ? La question n’est pas près d’être tranchée. Les chercheurs n’excluent pas, en effet, que des planétoïdes bien plus gros que Sedna et Pluton se cachent dans un coin sombre de notre système solaire…

Vahé Ter Minassian

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