Les turbines à vent peuvent perturber et leurrer les radars, civils et militaires. Le problème est qu’ils recherchent le même type d’emplacements…
Les éoliennes fleurissent un peu partout. Les défenseurs de l’énergie verte s’en réjouissent, mais les autorités aéronautiques militaires et civiles s’en inquiètent. Car les moulins à vent des temps modernes ne font pas bon ménage avec les radars qui quadrillent notre territoire. D’ailleurs, la Défense nationale et Belgocontrol sont systématiquement consultés pour les demandes d’implantation d’éoliennes. Celles-ci se multiplient : l’an dernier, 119 dossiers portant sur 600 turbines à vent ont été déposés sur les bureaux de l’armée. Chez Belgocontrol, on a traité 492 demandes, dont 42 ont reçu une réponse négative. La question mobilise aussi les experts. Professeur au département d’électrotechnique de la KUL, Emmanuel Van Lil, est régulièrement appelé à la rescousse pour évaluer l’impact perturbateur des turbines à vent. » Les éoliennes peuvent obscurcir une partie de la zone couverte par un radar et occulter ainsi la présence d’un engin volant « , déclare-t-il. Un phénomène de » l’angle mort » qui fait frémir les stratèges militaires et les experts de la lutte anti-terroriste soucieux de démasquer toute intrusion hostile dans l’espace aérien. Nettement plus gênant, et difficilement tolérable pour la sécurité aérienne : les faux échos générés par les éoliennes. » Elles peuvent faire apparaître des objets sur les écrans radar, là où il n’y en a pas. «
Radars et éoliennes incompatibles
De telles interférences peuvent se ressentir sur des dizaines de kilomètres. La Belgique ne manque pas d’installations radars susceptibles de les subir : » On compte quatre grands radars : deux civils, à Bertem et Saint-Hubert ; deux militaires, à Glons et Semmerzake « . Il faut encore y ajouter les radars météo installés sur le site Brucargo de l’aéroport de Zaventem et dans la localité ardennaise de Widemont, ainsi que les systèmes d’approche liés aux aéroports de Zaventem, de Gosselies, de Bierset, d’Ostende et d’Anvers. Autant de zones qui excluent ou limitent fortement toute implantation d’éoliennes. La présence d’éoliennes pose des problèmes dans un rayon de 15 à 20 kilomètres autour des grands radars, et de 10 kilomètres aux alentours des installations plus petites. C’est en Wallonie que le partage du territoire entre éoliennes et radars s’avère le plus délicat, relève le professeur Van Lil. » Les deux types d’installations se battent pour les mêmes sites, en hauteur : les éoliennes pour y bénéficier de la force du vent, les radars pour y jouir d’une plus grande visibilité « .
P. Hx